vendredi 24 février 2012

Héroïne à 18 ans malgré elle



Elle s'appelle Vanessa Tchatchou. Elle a célébré son 18ème anniversaire le jeudi 23 février 2012. Dans la douleur. En effet, depuis 7 mois, elle a décidé de ne plus quitter l'hôpital gynéco-obstétrique de Yaoundé où elle a perdu son bébé quelques jours après l'accouchement.

L'affaire fait grand bruit au Cameroun. La jeune fille résite et attend toujours son bébé. Les membres du gouvernement la méprisent. Le ministère des Affaires sociales a déclaré qu'il n'y avait pas de vol de bébé. Le ministre de la Communication a indiqué que le bébé était mort. Vanessa, elle, jure que son bébé est vivant. Elle est dans cet hôpital de Yaoundé depuis 7 mois. Malgré l'hostilité des infirmières qui se moquent d'elle et racontent que c'est Vanessa qui a voulu vendre son bébé et que, l'opération a mal tourné. Malgré la brutalité des services de sécurité qui ont fait lui ont fait de force un prélèvement pour des tests ADN dontles résultats n'ont jamais été publiés. Malgré aussi la brutalité des forces de l'ordre qui répriment les manifestations de soutien à cette jeune fille mère. Malgré la répression des éléments de la sécurité de l'hôpital qui empêchent les visites des camarades de ses camarades de classe et de tous ceux qui lui apportent publiquement du soutien dans les médias. Vanessa tient bon.

Evénement

Grâce à sa force morale, Vanessa a réussi à s'attirer la sympathie des médias et des populations. Sur Internet, c'est une frénésie sans précédent. Des groupes de discussion ont été créés parmi lesquels, "Vanessa Bébé Volé Tchatchou" sur facebook. Les médias en ont fait une affaire d'Etat et publient chaque jour des articles sur ce qui est devenu "l'Affaire Vanessa Tchatchou". Des activistes sont entrés dans la danse. Les écrivains Patrice Nganang et Shanda Tonme plaident la cause de la petite fille partout où ils se trouvent. L'homme politique Vincent Sosthène Fouda a organisé des manifestations et a été détenu 3 fois dans des cellules infectes de Yaoundé pour "troubles à l'ordre public". Il rappelle sans cesse aux hommes de médias qu'il ne faut pas lâcher prise. Il publie des tribunes, particpe aux débats pour éclairer l'opinion sur cette affaire et inonde les réseaux sociaux d'informations sur Vanessa. Le 23 février, jour de son anniversaire, Vanessa a reçu des dizaines de coups de fils de plusieurs coins du Cameroun et de l'étranger. Grâce à ce monde, Vanessa se sent protégée et, confie qu'elle n'a plus peur car, si d'aventure il lui arrivait quelque chose dans cet hôpital, l'opinion en serait informée. La diaspora camerounaise s'est aussi jointe à la mobilisation. En France, en Belgique et en Grance-Bretagne, des manifestations ont été organisées. Après 7 mois, l'espoir commence à lui venir.Un huissier de justice aurait sommé une magistrate soupçonnée d'avoir adopté l'enfant de Vanessa, de lui remettre le bébé dans un délai de 48 heures.

Vanessa semble être au bout de sa peine. A 18 ans, elle est devenue héros malgré elle. Elle et son bébé elle rentreront dans l'histoire. Elle, comme un symbole de courage et de résistance. Comme la jeune fille qui a tourné en bourrique plusieurs ministres de la République qui voulaient mentir et étouffer un vol de bébé.

Alternance politique : Quand la Chine nous parle


Un président et son successeur en bonne intelligence, une scène rare en Afrique


Dans l’imagerie populaire internationale, la Chine est une dictature. Les médias ne sont pas vraiment libres, la liberté d’expression est rationnée et le multipartisme est contrôlé. Chaque fois qu’il y a une crise dans le monde, la Chine se range contre les occidentaux et vole au secours des dictateurs assoiffés de pouvoir qui n’hésitent pas à marcher sur des centaines de cadavres de leurs compatriotes pour conserver le pouvoir. La Chine semble donc soutenir les dictateurs mais les dirigeants chinois sont très intelligents. Ils savent que le déficit de liberté qu’ils ont réussi à imposer jusqu’ici ne durera pas éternellement. D’abord parce qu’une partie de la population continuera à lutter pour la démocratie et les droits de l’Homme mais aussi parce que partout dans le monde – avec l’appui acharné des Occidentaux – les choses bougent. Qui eût cru que Thédoro Obiang Nguema ou Bashar Al- Assad auraient pensé un jour à inscrire la limitation des mandats dans les constituions de leurs pays ? Et pourtant, le Guinéen l’a fait et, le Syrien est en passe de le faire. Oui, la limitation des mandats présidentiels n’est pas « une limitation à la volonté populaire ».
Les dirigeants chinois sont intelligents. Ils savent que l’alternance est une exigence fondamentale pour assurer le progrès et le développement d’un pays. Ce qui se passe en ce moment au Gabon (le pays est en train de connaitre une petite révolution économique) démontre bien les vertus du changement. Les dirigeants chinois sont assez intelligents pour ne pas laisser reproduire chez eux, ce qu’ils défendent ailleurs. Ils savent qu’un seul dirigeant qui s’accroche au pouvoir pendant plusieurs décennies commence à être victime de sclérose. Ils savent qu’il ne faut pas laisser trop longtemps au pouvoir un homme car, il finit par être perçu comme un Dieu dont certains collaborateurs se considèrent comme des esclaves. Il finit par prendre le pays pour sa propriété privée et, ses collaborateurs comme des objets pensants dont il peut faire et défaire les destins. Les dirigeants chinois savent qu’un nouveau dirigeant qui arrive apporte avec lui une cargaison de projets et un ensemble de rêves qu’il essaie de réaliser pour faire mieux que son prédécesseur. Et, un changement fréquent de dirigeant au sommet de l’Etat entraine le pays dans un cycle d’évolution suffisamment dynamique. Alors, les dirigeants chinois ont décidé depuis 1982 d’inscrire dans leur constitution, un mandat présidentiel de 5 ans renouvelable une seule fois. Et, cela a porté des fruits. Comme nous le relevions ici dans notre édition N° 059 du 1er août 2011 (voir photo), il y a eu quatre présidents en Chine depuis 1982. Depuis l’arrivée de Paul Biya au pouvoir. En octobre prochain, il y aura renouvellement au sein du parti communiste chinois. C’est depuis maintenant deux ans que l’on sait qu’une « cinquième génération » de dirigeants chinois verra le jour. Véritable cœur du pouvoir, le bureau politique du Parti communiste chinois (PCC) va renouveler ses neuf (9) membres permanents lors de son 18e congrès, en octobre 2012. Seuls Xi Jinping et Li Keqiang, successeurs désignés du président Hu Jintao et du Premier ministre Wen Jiabao, resteront en place. Xi Jiping ! Le nom vous dit peut-être quelque chose. Il a été sous les feux de l’actualité la semaine dernière à l’occasion de sa visite aux Etats-Unis. Xi Jinping, 59 ans, a été minutieusement préparé à la gestion du pouvoir par le PCC pour succéder à Hu Jintao. Depuis le 15 mars 2008, Xi Jinping est le vice-président de la République populaire de Chine. Xi Jinping a été chargé de superviser l’organisation des Jeux olympiques de Pékin, en août 2008, puis celle de la célébration du 60e anniversaire de la République populaire, le 1er octobre 2009. En octobre 2010, il a été nommé vice-président de la Commission militaire centrale du PCC. Une nomination qui achevait de consacrer son ascension vers le pouvoir suprême. Le contrôle de l’armée étant la dernière clé qui ouvre les portes du pouvoir. En octobre 2012, il prendra le secrétariat général du parti et succédera de facto à Hu Jinato à la tête du PCC et de l’Etat. Les dirigeants chinois sont trop intelligents pour laisser la place au hasard. Ils ont préparé l’ascension de leur futur leader qui a gravi échelle après échelle, au su et au vu de tous, les marches du pouvoir. Selon un canevas bien précis qui permettra aussi d’avoir une lisibilité sur l’émergence du futur président chinois entre 2012 et 2022. Pour en finir, il ne faut pas croire que la contradiction n’existe pas au sein du PCC. Il y a même deux tendances au sein du parti. Il y a la faction des « Princes rouges » constituée des enfants des anciens du régime. Xi Jiping est le chef de file de cette faction. Il y a une autre faction : celle de la Ligue de la jeunesse communiste chinoise dont le chef de file est l'actuel président Hu Jintao.
Chez nous, on ne peut que s’intteroger. L’on est en train de faire incarcérer tous ceux qui, au sein du parti, ont des ambitions présidentielles. Paul Biya est en train de brouiller plus que jamais les pistes de la succession. Il a retiré le secrétariat du parti au pouvoir à René Sadi pour le confier à un septuagénaire sans ambitions. Le couperet de la justice pèse sur Marafa Hamidou Yaya, l’autre dauphin présumé. A 79 ans, Biya semble n’être préoccupé que par une seule chose : conserver le pouvoir à tout prix. Avant de mettre un terme à cette réflexion, je vous renvois cette question qui me hante l’esprit : pourquoi parmi les grandes puissances économiques du monde, il n’y en a aucune où le détenteur du pouvoir exécutif n’est aux affaires depuis plus de 20 ans ?