mardi 27 novembre 2012

Jacques Fame Ndongo ou la nouvelle rouerie d'un esclave lettré

Il a beau être Professeur agrégé. Il a beau manier la langue française avec une élégance achevée. Il n'est pas pauvre. Il occupe des hautes fonctions dans le dispositif du pouvoir. Pourtant, l'actuel ministre de l'Enseignement supérieur n'en est pas moins resté un bouffon. Un bouffon de luxe assurément. Celui-là même qui se définissait - en y mêlant crânement l'ensemble de ses collègues du gouvernement - comme une "créature" voire "un esclave" de Paul Biya vient encore de se fendre d'une sortie médiatique. Jamais à court d'inspiration chaque fois que son roi est écorché par des critiques, le Professeur le plus docte de la scène publique camerounaise (loin devant Mathias Eric Owona Nguini) a pris sa plume pour défendre... Franck Biya ! Dans cette Républiquette de rentiers où les sangsues et politicards papillonnent autour d'un président généreusement dépensier, d'un président qui donne le titre de ministres aux fonctionnaires pour leur faire plaisir, seuls les naïfs commettent encore la "bêtise" d'avoir honte et de défendre un honneur. C'est sans doute pourquoi l'universitaire illuminé qui déclare en privé que le RDPC gardera encore le pouvoir pendant au moins 50 ans, a cru bon, une fois de plus, de pondre une tribune dans la pravda nationale. Pour expliquer que "Mr Franck Biya a choisi un itinéraire admirable". S'agit-il d'un coup de sang, d'un accès de folie et d'une pathologie rare non encore découverte par les psychiatres ? On s'interroge. En quoi un ministre de l'Enseignement supérieur ou même un Secrétaire national à la Communication du parti au pouvoir serait concerné par des dénonciations de népotisme et de détournements de fonds publics portées contre le fils d'un chef de l’État. Surtout que ce dernier n'est ni membre du gouvernement et n'a jamais affiché un certain militantisme dans le parti au pouvoir. On a beau savoir que les ministres du Renouveau sont prêts à tout pour conserver leurs postes. On n'en reste pas moins surpris de savoir qu'ils sont capables de servir jusque dans la lingerie de la famille présidentielle. Oui ! Le Professeur veut laver le fils du chef de l'Etat de tous les soupçons. Quitte à présenter descendre dans les égouts de l'usurpation intellectuelle pour citer un journaliste "socio-politiste" qui s'est récemment érigé en expert financier. Au secours ! On se serait bien amusé du spectacle que nous offre gratuitement et régulièrement cette coterie de ministrons qui savent plus chanter les louanges du roi que s'occuper des problèmes pour lesquels ils sont nommés Eh oui ! Au lieu d'équiper des laboratoires, de construire des cités universitaires, de faire le suivi d'un système LMD moribond, de faire le suivi des étudiants étrangers parfois chassés parce que le gouvernement camerounais n'a pas payer les bourses; bref, au lieu de remplir la mission d'un ministre de l'Enseignement supérieur, le Professeur préfère cavaler entre la poésie et l'adoration. On peut le comprendre. Quand on ne sait rien faire d'autre que disserter, la démangeaison intellectuelle pousse parfois au délire philosophal. Normal donc que, en ce 21ème siècle où le Camerounais de Yaoundé demande surtout que l'eau de son robinet soit potable, le Professeur fouine dans la mythologie et/ou la préhistoire. Entre ciel et terre, fantasmes et sorcellerie, le Professeur nous balade ennuyeusement dans le "tonneau des Danaïdes", le "pandémonium", les " «Saints» descendus tout droit du cie" "l'Olympe" , "la pierre philosophale, "le Saint Graal", "la caverne ténébreuse dont Platon nous apprend qu'elle est peuplée d'ombres, d'illusions et de ténèbres, la lumière et la vérité brillant plutôt au-dessus de la caverne." Chacun se fera sa propre appréciation. Mais, repu de l'impôt des Camerounais et déconnecté de cette société qui étouffe sous le poids d'un régime incompétent et répressif, Jacques Fame Ndongo a choisi de déféquer son trop plein dans l'espace public. Oui, il avoue que travailler dans la fonction publique est un "nid douillet". Voici ce qu'il écrit : "M. Franck Biya, un jeune homme paisible qui, après une solide formation professionnelle et universitaire, s'est lancé avec pugnacité et perspicacité dans le secteur privé où compétitivité rime avec inventivité, ténacité et, parfois férocité. Et ce ne sont pas les nids douillets qui lui auraient fait défaut dans l'administration publique ou parapublique" . Voilà un aveu ! Comparer l'administration publique camerounaise à un "nid douillet" ou de "niche à sous", voilà qui est bien osé et qui condamne par avance le ministre à la sévérité du jugement populaire ! Heureusement, notre ministre a un gendarme et une ceinture sécuritaire qui le protègent du peuple camerounais. Le comble, c'est quand M. Fame Ndongo s'érige en magistrat alors même qu'une bonne partie de l'opinion ne demande qu'à faire la lumière sur cette fumeuse transaction impliquant Franck Biya. "Il n'est point jusqu'à quelques adversaires du Renouveau National qui n'aient tendance à pousser l'incongruité jusqu'à diaboliser outrancièrement ceux qui, loin des affres de la politique politicienne, et riches de leurs seuls talents et de leur probité congénitale, mènent une existence paisible et honnête. M. Franck Biya est de ces Camerounais-là qui sont plus nombreux qu'il n'y parait". Pour Fame Ndongo, le fils du chef de l’État est donc innocent. Point barre. Plus grave, il demande sournoisement à la Justice de ne point s'intéresser à l'affaire. "Laissons donc M. Franck Biya tranquille. Il ne demande qu'à travailler, dans la paix et l'amour de la Patrie, comme tout citoyen camerounais". Ainsi donc, il y a des citoyens qu'on doit "laisser tranquille" et d'autres qu'on doit juger. Il n'est interdit à personne à faire du lèche-cul. C'est aussi le droit de chaque esclave de glorifier son roi et le fils de son roi. C'est donc le droit de Fame Ndongo de nous servir une hagiographie sur le fils de son roi. Mais, que de temps et d'énergie à raboter l'image de quelqu'un qui ne s'est même pas (en tout cas, pour le moment), gêner de donner sa version des faits. Il y a encore de la place dans les amphithéâtres. A défaut de faire son travail de ministre de l'Enseignement supérieur, Fame Ndongo a le loisir de reprendre la craie. Il y a beaucoup de Camerounais qui seraient plus utiles au poste de Minesup. Ses monologues lassants - qu'il est très souvent le seul à comprendre - n'auront aucune emprise sur l'histoire. Quand viendra le temps, il faut même craindre que le jugement de l'histoire s'en serve comme preuves. En attendant, des lourds soupçons pèsent toujours sur Franck Biya qui ne pourra éternellement bénéficier de la protection de son président de père.

dimanche 29 juillet 2012

TOUT QUE VOUS VOULEZ SAVOIR SUR L'AFFAIRE MARAFA (PREMIÈRE PARTIE)

Arrivée de Marafa Hamidou Yaya au tribunal le 24 juillet 2012 sous forte escorte Qui a décidé de l'achat de l'avion présidentiel ? PAUL BIYA Qui coordonnait les réunions ? MARAFA HAMIDOU YAYA jusqu'en 2002 Quels étaient les autres acteurs clés impliqués dès le départ ? Bénae Mpecke (sécurité présidentielle), Fotso (Camair), Meva'a (Minfi) Moudiki (SNH) Pourquoi c'est la Camair et non l’État du Cameroun qui a procédé à l'achat ? Parce que les bailleurs de fond étaient opposés à cet achat. Quelle conséquence ? Il fallait, le moins possible, laisser de traces écrites pour éviter impliquant formellement le gouvernement dans la transaction. Quelle était l'option proposée par Yves Michel Fotso ? Faire du leasing c.a.d Louer un avion de boeing sans en être propriétaire. L'option a été rejetée unanimement. Quelle a été l'option retenue ? Acheter un avion neuf Boeing 767 BBJ-2 A quel montant ? 31 millions de dollars US répartis de cette façon : 2 millions pour le « deposit » exigé pour la commande de l’avion et 29 millions à GIA International Inc Corporation pour versement au constructeur Boeing. Pourquoi la SNH n'a pas payé et, est passé par les banques ? La SNH n'est pas une banque. C'est une entreprise comme une autre qui dispose des comptes bancaires et, quand elle doit faire des transactions, elle effectue un mouvement d'écritures à partir de ses comptes. Comment se sont passés les mouvements financiers ? la CBC, Commercial Bank of Cameroon fera une avance de 2 millions de dollars pour le paiement du “déposit” exigé à la commande de l’appareil. Quand la SNH va-t-elle débloquer l'argent ? Le 21 août 2001, Michel Meva'a Meboutou adresse une lettre à Moudiki Elame Adolphe Moïse, patron de la SNH. Il lui demande « de bien vouloir avancer au Trésor public la somme de 31 millions de dollars en vue de la commande d’un Boeing 737 BBJ-2. Cette somme sera versée dans les conditions suivantes : a) la CBC, Commercial Bank of Cameroon, 1 milliard cinq cent cinquante millions de francs CFA (2 milliards de dollars) pour couvrir l’avance faite à l’Etat en vue du paiement du “déposit” exigé à la commande de l’appareil ; b) la GIA International Inc. Corporation, 29 millions de dollars (compte Nº 28 794 10 492, ABA N° 323 070 380, Bank Of America MT-SA 222 W Main Street Medford Oregon 97501 USA) pour versement au constructeur Boeing… » Quelle a été l'implication de Marafa Hamidou Yaya ? Marafa coordonnait l'affaire. C'est lui qui , selon Meva'a, lui a donné le numéro de compte de GIA par télépéhone. Mais, au moment de la décision de paiement, Meva'a va outrepasser Marafa puisqu'il a reçu d'autres instructions de la part des personnes plus importantes que Marafa (je refuse de répondre à cette question, dixit Meva'a au tribunal). D'ailleurs, Marafa n'a été informé du paiement que 15 jours après. C'est Fotso qui l'a informé. Le paiement a-t-il été sécurisé ? Marafa avait proposé une lettre de crédit "Standard letter of crédit. Un mode de payement sécurisé". Mais Meva'a a refusé. Il explique avoir refusé parce que cette méthode prendrait du temps et que, pendant ce temps, l'avion resterait la propriété de boeing. Donc, comme ce ministre (oncle de Biya) était tellement pressé de faire rentrer l'avion dans le giron national, il a préféré prendre des risques avec l'argent du pétrole camerounais. Pourquoi impliquer un intermédiaire entre la Camair et Boeing (en l’occurrence GIA) ? Comme l'Etat du Cameroun avançait masqué et que les comptes de la Camair n'étaient pas florissants, il a fallu trouver un interlocuteur auprès de Boeing qui bénéficiait d'une bonne santé financière. GIA opérait dans le domaine de l'aéronautique. Donc, il semblait un interlocuteur crédible. GIA International Inc corporation était-elle une entreprise fiable ? Il y a une certitude, le flou plane autour de la crédibilité cette entreprise car même Bank Of America, où GIA avait logé ses comptes, s'est alarmé des sommes décaissées au profit de cette entreprise dans l'affaire de l'acquisition de l'avion. Cette entreprise n'avait pas manipulé un tel montant depuis sa création. En sait-on davantage sur les responsables de GIA ? On ne retrouve, pour le moment, que des noms des expatriés. L'on retrouve surtout le nom d'un Américain, Russel Meek, le chairman de GIA. Il y a aussi un certain Fernando Gomez-Mazuera, Project Director de GIA International. L'on peut tout de même indiquer que Yves Michel Fosto a été présenté comme l'un des gestionnaires de l'entreprise. L'avion a-t-il été construit ? Un avion a été présenté mais on ne sait pas s'il était vraiment destiné à la Camair (ou plus exactement au président de la République). Du 08 au 12/09/2001, une équipe de l’Etat-major particulier de président de la république, composée du colonel Justin Mitlassou et du Lt-Colonel Ndongue Charles, partie pour visiter l’avion en construction et accueillie par Russel Meek, March Goodrich de Boeing et Yves Michel Fotso, a constaté la fabrication du BBJ-2 à Seattle dans l’Etat de Washington. Alertés par Russel Meek que l’avion serait livré entre le 25 et le 29 Mars 2002, les deux éléments de l’Etat-major sont repartis en mission aux Etats-Unis pour prendre livraison du BBJ-2 à Georgetown près de Baltimore. Pourquoi le vol de certification n'a pas eu lieu et l'avion n'a pas été livré ? Le vol de certification du BBJ-2, prévu le 05/04/2002, n’a jamais eu lieu. Au moment de procéder au vol, le chairman de GIA et le représentant de Boeing se sont retirés en aparté. Selon des sources dignes de foi, il y a une tentative de conciliabule qui n'a pas marché. Conséquence, le représentant de Boeing s'est retiré. Conséquence, les chargés de mission du gouvernement camerounais sont revenus bredouilles à Yaoundé, avec pour seules choses en main une clé, et la maquette du BBJ-2 qu’ils n’ont plus jamais revu. Dépêché au siège de Boeing à Seattle en avril 2003, Jérôme Mendouga, ex-ambassadeur du Cameroun aux USA, constatera que Boeing n'avait reçu que 2 millions de dollars. Que sait Marafa Hamidou Yaya de la non-livraison de l'avion ? A l'évidence, Marafa ne suivait plus que de loin, la suite de l'opération. Il écrit, dans sa troisième lettre : "A mon départ du secrétariat général de la présidence de la République le 24 août 2002 [...]le contrat entre CAMAIR et GIA-INTERNATIONAL aurait été rompu et notre pays aurait engagé des poursuites aux Etats-Unis à l'encontre de GIA INTERNATIONAL; poursuites ayant abouti à un jugement en août 2006 à Portland, dans la région de l'Oregon, par lequel le Cameroun aurait été indemnisé". Une autre page de l'affaire s'ouvre avec l'arrivée de Jean Marie Atangana Mebara au poste de secrétaire général de la présidence de la République. Ils ont alors décidé de louer un avion "L'Albatros" qui a été victime d'une panne technique lors de son vol inaugural. Le président de la République était à bord... A SUIVRE (je développerai d'autres questions autour de cette affaire dans les prochains jours). NB : Les lecteurs qui ont des questions peuvent me les adresser en commentant l'article sur mon blog (mohamadouhoumfa.blogspot.com)

lundi 2 avril 2012

Les Américains s'accaparent des terres dans le Sud-Ouest du Cameroun

RUE 89, l'un des plus grands journaux en ligne en France publie mon article sur l'accaparement des terres par les Américains dans le Sud-Ouest du Cameroun.

Pour lire l'article, suivez le lien ci-dessous :

http://www.rue89.com/rue89-planete/2012/03/31/cameroun-les-terres-de-la-discorde-louees-aux-americains-230745

samedi 31 mars 2012

Mali : Un coup d’Etat inutile


Le chef de la junte

La semaine s’est achevée avec un basculement politique au Mali, jusqu’ici présenté comme un modèle de démocratie. Une petite bande de militaires avec à sa tête, le capitaine Sanogo Mamadou ont entrepris de déposer le président démocratiquement élu, Amadou Toumani Touré. En tout cas, au moment où nous mettions sous presse, la junte contrôlait la plupart des points stratégiques de la capitale politique. Ce coup d’Etat était-il nécessaire ? C’est la question centrale de cette réflexion. De prime abord, il convient de dire que pour nous, il y a des bons coups d’Etat. Dans un pays, lorsque l'horizon est bouché, lorsque l'alternance est interdite, lorsque la commission électorale ne fait pas consensus, lorsque le régime en place ne pense qu'à se perpétuer, même au prix d’une répression systématique, lorsque toute critique est bannie, lorsque les contrepouvoirs sont annihilés, lorsque le peuple n'a plus confiance dans le processus électoral, lorsqu'un dictateur ne veut pas organiser une alternance pacifique, lorsque la constitution d'un pays est chiffonnée, lorsque l'expression du peuple est superbement ignorée, lorsqu'un dictateur n'écoute que la voix de ses aspirations personnelles et celle de ses partisans zélés, un coup d’Etat est toujours salutaire.
Cependant, pour le cas du Mali, le président ATT était tout sauf un assoiffé du pouvoir. Il a effectué ses deux mandats que lui autorisait la constitution et, contrairement aux assoiffés du pouvoir qui pullulent dans le faune politique africaine, il s’était clairement engagé à partir à l’issue d’une élection qui était sensé se tenir en…avril. Soit dans un mois environ. Qu’est-ce qui a donc pu pousser ces militaires à faire partir un président au dessus de la mêlée de cette façon. Voici ce qu’en dit le nouvel homme fort du pays. « Je vous dis déjà, que depuis 50 ans malheureusement, les forces armées de sécurité ne sont pas dans des conditions minimales, n’ont pas la formation requise, n’ont pas le matériel adéquat pour faire face à l’intégrité du territoire national. Il y a défaillance, c’est d’un. De deux, en tant que soldat, au-delà de ta mission de défense de l’intégrité territoriale, nous sommes citoyens, conscients de la cherté de la vie. Il n’y a pas eu d’école depuis deux décennies. Tout le monde n’a pas accès aux soins de santé. L’équité n’existe pas, ça fait révolter. Les civils en ont réclamé, les gens ont parlé, les militaires pareil. C’est ce qui nous a emmenés à cet instant précis » a déclaré le capitaine au micro de Radio France Internationale (RFI). Or, on se souvient que dans la soirée du 21 mars, avant la formalisation du coup d’Etat, ces militaires affirmaient en vouloir au président ATT qui ne leur avait pas fourni assez de moyens pour combattre la rébellion au Nord du pays. Quand notre confrère lui demande « Ce n’est donc pas seulement à cause de la situation au nord du pays, pas le manque d’armes pour lutter contre les rebelles et les islamistes armés, que vous prenez le pouvoir… », Le capitaine répond : « Au fait, je m’en vais faire un point. Que le Malien et l’opinion internationale sachent ça. Je ne suis pas un homme de guerre directement. Bien que formé avec toutes les spécialités du combattant, il se pourrait qu’avec ce changement, bien des groupes qui sont citoyens de ce pays, observent de la patience pour savoir quelle sera la suite à donner. Je précise, je ne suis pas là pour, juste, m’équiper, équiper l’armée malienne et aller tuer tout sur mon passage. Je ne suis pas un homme de ce genre ». Il a joute même « Si la négociation (avec les rebelles, Ndlr) est sur cette table, demain matin, j’en serai heureux .C ’est ce que je souhaite parce que je veux un Mali uni et prospère pour le bien-être de tous ». Comment des gens qui voulaient des armes pour combattre les rebelles sont-ils maintenant disposés à discuter avec ces mêmes rebelles.
On peut faire le reproche au président déchu d’avoir été relativement faible en cette fin de mandat ace à une rébellion qui progressait rapidement, requinquée par l’arsenal récupéré en Lybie au terme de la guerre qui a vu la chute de Kadhafi. ATT avait au moins pris le soin de recevoir les familles des victimes tombées au champ d’honneur. Les militaires auraient pu manifester bruyamment, comme au Burkina Faso il y a quelques mois. Cela aurait suffi à édifier le président sortant ainsi que son prochain successeur. En faisant ce coup qui ne se justifiait pas vraiment, ils ont ramené le Mali très loin en arrière dans son processus démocratique. En outre, il faut même s’interroger avec notre confrère Lucie Pambou d’Africa 24 : « Comment peuvent-ils prétendre unifier le territoire alors que militairement, stratégiquement, les Touaregs sont plus forts que l’armée régulière et il est à craindre que les mutins de l’armée malienne deviennent des supplétifs des Touaregs en cas d’un accord inimaginable mais politiquement possible » ? Question pertinente à laquelle l’avenir nous donnera une réponse.

jeudi 15 mars 2012

De nouvelles raisons d'en vouloir à un gouvernement sans foi ni loi




La mobilisation s’organise sur le réseau social facebook depuis le début de la semaine. Demain vendredi 16 mars 2012, des centaines de camerounais promettent de converger vers l’hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Yaoundé. « Chers frères et sœurs, le temps n'est plus aux larmes, que tout Yaoundé sorte le vendredi 16 mars dès 14 heures. Sortons tous à Yaoundé et allons tous devant l’hôpital gynéco de Ngousso soutenir vanessa et les 93 bébés disparus en 2011 au Cameroun. L’heure de l'action a sonné ! Arrêtons d'être timides. Soyons nombreux à la marche. Faites passer le message » peut-on lire dans un groupe de discussion sur facebook. Les manifestants veulent protester d’abord contre les méthodes du gouvernement camerounais qui a choisi de sortir les muscles contre une petite fille de 17 ans, Vanessa Tchatchou, qui a perdu son bébé dans cet hôpital depuis le 20 août 2011. Certes, le président de la République, Paul Biya, a limogé le directeur de l’hôpital, mais il l’a fait après qu’un groupe d’activistes de la diaspora a débarqué devant son hôtel à Genève avec un cercueil drapé aux couleurs du Cameroun en soutien à Vanessa Tchatchou. Après avoir limogé l’ancien directeur de l’hôpital, Paul Biya aurait ordonné de chasser la petite fille de l’hôpital. En tout cas, le nouveau directeur n’a pas pu expulser la fillette sans l’aval de la hiérarchie.

Raisons de la colère

Les manifestants sont aussi en colère contre les autorités qui semblent vouloir étouffer l’affaire. Le procureur chargé de l’enquête a récemment indiqué que d’après les résultats des tests ADN, l’enfant détenu par une magistrate vers qui sont tournés les regards de la famille de Vanessa n’a aucun lien avec la fillette de 17 ans. Le procureur a cependant oublié volontairement de préciser le nom du laboratoire ayant réalisé le test. Pour sa part, l’homme politique, Sosthène Fouda, a déclaré qu’il a réalisé des tests ADN au Centre hospitalier universitaire vaudois en Suisse. D’après lui, le test prouve à 99 % que l’enfant détenu par la magistrate est bel et bien celui de Vanessa Tchatchou. Autre mensonge qui suscite l’indignation dans les rues de Yaoundé, le procureur a indiqué que l’enfant mort à Nkoteng (un quartier de Yaoundé) que le ministre de la Communication avait dit être celui de Vanessa était tellement en état de décomposition avancé que l’on n’a pas pu réaliser un test ADN sur le corps. Un mensonge grossier tant il est vrai que les tests ADN peuvent être réalisés sur des corps des personnes décédées depuis des milliers d’années. Des motifs de colère qu’entendent exprimer des manifestants demain. Eux qui savent déjà qu’en face, la matraque et les camions antiémeutes les attendent.

samedi 10 mars 2012

Les mensonges des autorités autour d'un vol de bébé




Chaque jour qui passe nous donne le sentiment que le Cameroun est en train de devenir une vaste scène de théâtre où des acteurs mal inspirés - qui ont néanmoins le privilège de présider aux destinées du pays – mènent les populations en bateau et leur offrent une sinistre comédie. Voici environ 7 mois (c’était le 20 août 2011) que Vanessa Tchatchou, 17 ans, a perdu son bébé à l’hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Yaoundé. Il a fallu un impressionnant tapage médiatique pour que les autorités camerounaises daignent sortir de leur mutisme sur cette disparition de bébé. Et pour dire quoi ! La ministre des Affaires sociales, dont le rôle est de défendre les personnes vulnérables n’a rien fait d’autre que de dire qu’il n’y avait pas eu de vol de bébé. Pour sa part, le très loquace ministre de la Communication, qui n’en finit plus avec ses bourdes, a indiqué que le bébé de Vanessa avait été retrouvé mort à Nkoteng, un quartier de Yaoundé. Heureusement, même au théâtre, il a toujours des spectateurs pour s’interroger sur l’intérêt de la comédie. Quelques personnes éveillées ont fait remarquer deux choses : le bébé retrouvé mort à Nkoteng est un garçon alors que le bébé adopté par la magistrate Caroline Ndikum Mbenjang Atangana (soupçonnée à tord ou à raison d’avoir adopté le bébé volé de Vanessa) est une fille qui est née exactement au même moment que celle de Vanessa. Cloués aux piloris, les comédiens du gouvernement semblent donc avoir changé de stratégie. Ils ont monté un curieux scénario appelé « reconstitution des faits » pour voir comment cela s’explique qu’un bébé a disparu sans que les infirmières et responsables de l’hôpital ne s’en rende compte. De cette « reconstitution des faits », on apprend simplement que « les suspects ont été déférés et présentés à un juge d'instruction qui les a inculpé et placé en détention provisoire, du chef d'enlèvement aggravé de mineur, suivi de mort ». Qui sont les suspects ? Que disent-ils ? Pourquoi ne disent-ils pas la vérité sur la disparition du bébé ? Comme le ridicule ne tue pas, l’on a parallèlement engagé un autre scénario. Sous le prétexte de réaliser des tests ADN pour authentifier l’enfant de Vanessa, l’on a effectué de force, un prélèvement sur la petite de 17 ans. C’est ce prélèvement qui a permis d’aboutir au communiqué pour le moins amusant du procureur de la République près du tribunal de grande instance du Mfoundi. « Les tests d’ADN prescrits dans cette procédure et réalisés par des laboratoires spécialisés ont établi sans équivoque qu’il n’y a aucun lien de maternité entre l’enfant en vie et mademoiselle Tchatchou Vanessa ». Où ont été réalisés les tests ? Des quels « laboratoires spécialisés » parle procureur ? Pourquoi n’y a-t-on pas associé des journalistes ou des membres de la société civile qui se sont beaucoup impliqués dans cette affaire ? Des questions et bien d’autres que le procureur a superbement éludées. Dans la suite du communiqué, on peut lire : « les prélèvements effectués sur l’enfant décédé et inhumé à Nkoteng se sont heurtés à des difficultés d’exploitation en raison de l’état de décomposition avancée des restes mortels ». Incroyable ! Ainsi donc, ces « laboratoires spécialisés » n’ont pas pu réaliser des tests ADN sur un corps sous le prétexte qu’il est en état de « décomposition avancé ». Pourtant, en 1980, les simples cendres de crémation d’Anna Anderson, qui s’était passé pour être la grande-duchesse Anatasia Romanova de Russie, ont permis de montrer qu’elle n’avait aucun lien de parenté avec les membres restants de la lignée des Romanov. Certes, le communiqué du procureur précise que « dans le souci de la recherche de la vérité, le juge d'instruction a-t-il prescrit, par commission rogatoire, des nouvelles analyses dont les résultats sont incessamment attendus ». Cependant, qu’est-ce qui prouve que ces tests seront plus fiables ? Pourquoi ne pas faire toute la lumière sur le processus devant aboutir à ces « nouvelles analyses » ? Qui sont les membres de la commission rogatoire ? Pourra-t-on enfin effectuer les prélèvements sur le bébé retrouvé mort à Nkoteng ? Il persiste encore trop de mystère autour de l’affaire Vanessa Tchatchou. Le sentiment que suscite cette affaire est que l’on semble loin d’expliquer où est le bébé de Vanessa et s’il est vrai que l’enfant adopté par la magistrate Caroline Ndikum Mbenjang Atangana n’est pas cet enfant. L’autre sentiment est que l’on cherche à éviter de ridiculiser publiquement les autorités. Dire qu’il y a bel et bien eu vol de bébé à l’hôpital Gynéco-obstétrique, c’est reconnaitre que la ministre des Affaires sociales a menti. Reconnaitre que le bébé retrouvé mort à Nkoteng n’est pas celui de Vanessa, c’est avouer que le ministre de la Communication a menti. C’est définitivement s’embourber dans le mystère autour de cette affaire et prouver que le Cameroun est une République en otage.

Ce prélèvement forcé sur Vanessa a permis d’aboutir au communiqué pour le moins amusant du procureur de la République près du tribunal de grande instance du Mfoundi. « Les tests d’ADN prescrits dans cette procédure et réalisés par des laboratoires spécialisés ont établi sans équivoque qu’il n’y a aucun lien de maternité entre l’enfant en vie et mademoiselle Tchatchou Vanessa ». Où ont été réalisés les tests ? Des quels « laboratoires spécialisés » parle procureur ? Pourquoi n’y a-t-on pas associé des journalistes ou des membres de la société civile qui se sont beaucoup impliqués dans cette affaire ? Des questions et bien d’autres que le procureur a superbement éludées.

dimanche 4 mars 2012

Quand les médias et Internet crédibilisent un processus électoral




Le Sénégal vient de nous donner une raison d’être fier de l’Afrique. Ils sont allés, à plus de 50 %, voter pour choisir leur président. Les candidats, quand à eux, ont suivi et accepté les résultats. Même si, l’on a vu quelques partisans zélés du président sortant tenter de jongler avec les chiffres. Des chiffres qui ont mis le président sortant Abdoulaye Wade et son ancien Premier ministre Macky Sall à une petite distance de huit points. Les envoyant au second tour d’une élection que toute l’Afrique suivra avec attention. Le Sénégal sauve l’honneur de l’Afrique car, on est loin des truquages, des revendications éculées de victoire avant les chiffres officiels et loin des scores faramineux qui ressortent parfois au premier tour des élections présidentielles en Afrique.

Ce qui vient de se passer au Sénégal est le fait de la maturité des Sénégalais et de leurs hommes politiques qui ont une réputation à conserver même si celle si a été écorchée par l’obstination du président sortant à imposer sa candidature malgré l’extrême controverse que cela a soulevé. Il faut néanmoins dire que le mérite de cette transparence revient aux médias et à Internet. Le soir du 26 février 2012, nous avons regardé deux chaines de télévision sénégalaises pour suivre l’évolution de la situation : la RTS1, télévision d’Etat et, la TFM, une chaîne privée. Ils avaient déployé des journalistes dans plusieurs bureaux de vote et retransmettaient les résultats en temps réel. Comme dans un match de football. Dans le même temps, un réseau d’observateurs des élections a mis sur pied un site Internet où les collaborateurs du site publiaient les tendances minute après minute. Assis devant notre téléviseur, nous avions l’impression que nous suivions un vrai match de football, le cœur battant à l’annonce de chaque résultat. Premier constat, les chiffres annoncés sur la RTS1 et la TFM étaient les mêmes, traduisant la vérité des urnes. Autour de 22 heures, il était déjà évident qu’un second tour se profilait entre Wade et Sall. Et, les journaux écrits sénégalais n’ont fait que confirmer la tendance le lendemain.

Comment dès lors aurait-on pu avoir un résultat différent ? Les médias et Internet, en dessinant clairement la tendance sortie des urnes, ont permis d’étaler à la face du monde le vrai résultat de l’élection ; rendant difficile sinon impossible la tricherie et la déformation de la volonté populaire. En cela, ils sont joué un rôle de chien de garde qui leur sied si bien. C’est aussi cela qui a fait la force de l’élection.
Toute expérience positive étant une leçon pour soi, cela nous amène à nous pencher sur le cas de notre cher pays qu’est le Cameroun. Comment se fait-il qu’une chape de plomb soit maintenue sur la procédure de publication des résultats ? Pourquoi va-t-on jusqu’à interdire à Elections Cameroon (Elecam), l’organe en charge de l’organisation des élections à publier les tendances. Pourquoi faut-il entendre une semaine (parfois plus) avant d’avoir les premiers chiffres ? Bien sûr, même finalement l’élection est propre, tout cela laisse prospérer l’idée que le pouvoir a intérêt à entretenir le flou pour des besoins de truquage. Fort heureusement, le gouvernement est en train de consulter les forces vives de la Nation pour rédiger une proposition de code électoral unique. L’occasion est belle de s’inspirer de l’exemple sénégalais. Il faut permettre à Elecam de publier les tendances. Il faut, comme l’a proposé l’ambassadeur de France au Cameroun, Bruno Gain, publier progressivement les résultats dès la fermeture des bureaux de vote.
Les temps sont en train de changer. Le mystère et l’opacité ne peuvent plus gouverner la société et, plus important, un processus aussi majeur qu’une élection. L’avènement d’Internet est en train de bouleverser la tendance. La circulation de l’information est plus que jamais rapide et infreinable. Il faut s’y faire. Dans quelques années, dans chaque région du Cameroun, il y aura des Camerounais connectés sur Internet capables de dire ce qui se passe dans l’arrière pays. Qu’on le veuille ou non, les médias, de plus en plus nombreux, ne s’empêcheront plus de donner les tendances. L’évidence, c’est que pour frauder, il faudra le faire au su et au vu de tout le monde.

vendredi 24 février 2012

Héroïne à 18 ans malgré elle



Elle s'appelle Vanessa Tchatchou. Elle a célébré son 18ème anniversaire le jeudi 23 février 2012. Dans la douleur. En effet, depuis 7 mois, elle a décidé de ne plus quitter l'hôpital gynéco-obstétrique de Yaoundé où elle a perdu son bébé quelques jours après l'accouchement.

L'affaire fait grand bruit au Cameroun. La jeune fille résite et attend toujours son bébé. Les membres du gouvernement la méprisent. Le ministère des Affaires sociales a déclaré qu'il n'y avait pas de vol de bébé. Le ministre de la Communication a indiqué que le bébé était mort. Vanessa, elle, jure que son bébé est vivant. Elle est dans cet hôpital de Yaoundé depuis 7 mois. Malgré l'hostilité des infirmières qui se moquent d'elle et racontent que c'est Vanessa qui a voulu vendre son bébé et que, l'opération a mal tourné. Malgré la brutalité des services de sécurité qui ont fait lui ont fait de force un prélèvement pour des tests ADN dontles résultats n'ont jamais été publiés. Malgré aussi la brutalité des forces de l'ordre qui répriment les manifestations de soutien à cette jeune fille mère. Malgré la répression des éléments de la sécurité de l'hôpital qui empêchent les visites des camarades de ses camarades de classe et de tous ceux qui lui apportent publiquement du soutien dans les médias. Vanessa tient bon.

Evénement

Grâce à sa force morale, Vanessa a réussi à s'attirer la sympathie des médias et des populations. Sur Internet, c'est une frénésie sans précédent. Des groupes de discussion ont été créés parmi lesquels, "Vanessa Bébé Volé Tchatchou" sur facebook. Les médias en ont fait une affaire d'Etat et publient chaque jour des articles sur ce qui est devenu "l'Affaire Vanessa Tchatchou". Des activistes sont entrés dans la danse. Les écrivains Patrice Nganang et Shanda Tonme plaident la cause de la petite fille partout où ils se trouvent. L'homme politique Vincent Sosthène Fouda a organisé des manifestations et a été détenu 3 fois dans des cellules infectes de Yaoundé pour "troubles à l'ordre public". Il rappelle sans cesse aux hommes de médias qu'il ne faut pas lâcher prise. Il publie des tribunes, particpe aux débats pour éclairer l'opinion sur cette affaire et inonde les réseaux sociaux d'informations sur Vanessa. Le 23 février, jour de son anniversaire, Vanessa a reçu des dizaines de coups de fils de plusieurs coins du Cameroun et de l'étranger. Grâce à ce monde, Vanessa se sent protégée et, confie qu'elle n'a plus peur car, si d'aventure il lui arrivait quelque chose dans cet hôpital, l'opinion en serait informée. La diaspora camerounaise s'est aussi jointe à la mobilisation. En France, en Belgique et en Grance-Bretagne, des manifestations ont été organisées. Après 7 mois, l'espoir commence à lui venir.Un huissier de justice aurait sommé une magistrate soupçonnée d'avoir adopté l'enfant de Vanessa, de lui remettre le bébé dans un délai de 48 heures.

Vanessa semble être au bout de sa peine. A 18 ans, elle est devenue héros malgré elle. Elle et son bébé elle rentreront dans l'histoire. Elle, comme un symbole de courage et de résistance. Comme la jeune fille qui a tourné en bourrique plusieurs ministres de la République qui voulaient mentir et étouffer un vol de bébé.

Alternance politique : Quand la Chine nous parle


Un président et son successeur en bonne intelligence, une scène rare en Afrique


Dans l’imagerie populaire internationale, la Chine est une dictature. Les médias ne sont pas vraiment libres, la liberté d’expression est rationnée et le multipartisme est contrôlé. Chaque fois qu’il y a une crise dans le monde, la Chine se range contre les occidentaux et vole au secours des dictateurs assoiffés de pouvoir qui n’hésitent pas à marcher sur des centaines de cadavres de leurs compatriotes pour conserver le pouvoir. La Chine semble donc soutenir les dictateurs mais les dirigeants chinois sont très intelligents. Ils savent que le déficit de liberté qu’ils ont réussi à imposer jusqu’ici ne durera pas éternellement. D’abord parce qu’une partie de la population continuera à lutter pour la démocratie et les droits de l’Homme mais aussi parce que partout dans le monde – avec l’appui acharné des Occidentaux – les choses bougent. Qui eût cru que Thédoro Obiang Nguema ou Bashar Al- Assad auraient pensé un jour à inscrire la limitation des mandats dans les constituions de leurs pays ? Et pourtant, le Guinéen l’a fait et, le Syrien est en passe de le faire. Oui, la limitation des mandats présidentiels n’est pas « une limitation à la volonté populaire ».
Les dirigeants chinois sont intelligents. Ils savent que l’alternance est une exigence fondamentale pour assurer le progrès et le développement d’un pays. Ce qui se passe en ce moment au Gabon (le pays est en train de connaitre une petite révolution économique) démontre bien les vertus du changement. Les dirigeants chinois sont assez intelligents pour ne pas laisser reproduire chez eux, ce qu’ils défendent ailleurs. Ils savent qu’un seul dirigeant qui s’accroche au pouvoir pendant plusieurs décennies commence à être victime de sclérose. Ils savent qu’il ne faut pas laisser trop longtemps au pouvoir un homme car, il finit par être perçu comme un Dieu dont certains collaborateurs se considèrent comme des esclaves. Il finit par prendre le pays pour sa propriété privée et, ses collaborateurs comme des objets pensants dont il peut faire et défaire les destins. Les dirigeants chinois savent qu’un nouveau dirigeant qui arrive apporte avec lui une cargaison de projets et un ensemble de rêves qu’il essaie de réaliser pour faire mieux que son prédécesseur. Et, un changement fréquent de dirigeant au sommet de l’Etat entraine le pays dans un cycle d’évolution suffisamment dynamique. Alors, les dirigeants chinois ont décidé depuis 1982 d’inscrire dans leur constitution, un mandat présidentiel de 5 ans renouvelable une seule fois. Et, cela a porté des fruits. Comme nous le relevions ici dans notre édition N° 059 du 1er août 2011 (voir photo), il y a eu quatre présidents en Chine depuis 1982. Depuis l’arrivée de Paul Biya au pouvoir. En octobre prochain, il y aura renouvellement au sein du parti communiste chinois. C’est depuis maintenant deux ans que l’on sait qu’une « cinquième génération » de dirigeants chinois verra le jour. Véritable cœur du pouvoir, le bureau politique du Parti communiste chinois (PCC) va renouveler ses neuf (9) membres permanents lors de son 18e congrès, en octobre 2012. Seuls Xi Jinping et Li Keqiang, successeurs désignés du président Hu Jintao et du Premier ministre Wen Jiabao, resteront en place. Xi Jiping ! Le nom vous dit peut-être quelque chose. Il a été sous les feux de l’actualité la semaine dernière à l’occasion de sa visite aux Etats-Unis. Xi Jinping, 59 ans, a été minutieusement préparé à la gestion du pouvoir par le PCC pour succéder à Hu Jintao. Depuis le 15 mars 2008, Xi Jinping est le vice-président de la République populaire de Chine. Xi Jinping a été chargé de superviser l’organisation des Jeux olympiques de Pékin, en août 2008, puis celle de la célébration du 60e anniversaire de la République populaire, le 1er octobre 2009. En octobre 2010, il a été nommé vice-président de la Commission militaire centrale du PCC. Une nomination qui achevait de consacrer son ascension vers le pouvoir suprême. Le contrôle de l’armée étant la dernière clé qui ouvre les portes du pouvoir. En octobre 2012, il prendra le secrétariat général du parti et succédera de facto à Hu Jinato à la tête du PCC et de l’Etat. Les dirigeants chinois sont trop intelligents pour laisser la place au hasard. Ils ont préparé l’ascension de leur futur leader qui a gravi échelle après échelle, au su et au vu de tous, les marches du pouvoir. Selon un canevas bien précis qui permettra aussi d’avoir une lisibilité sur l’émergence du futur président chinois entre 2012 et 2022. Pour en finir, il ne faut pas croire que la contradiction n’existe pas au sein du PCC. Il y a même deux tendances au sein du parti. Il y a la faction des « Princes rouges » constituée des enfants des anciens du régime. Xi Jiping est le chef de file de cette faction. Il y a une autre faction : celle de la Ligue de la jeunesse communiste chinoise dont le chef de file est l'actuel président Hu Jintao.
Chez nous, on ne peut que s’intteroger. L’on est en train de faire incarcérer tous ceux qui, au sein du parti, ont des ambitions présidentielles. Paul Biya est en train de brouiller plus que jamais les pistes de la succession. Il a retiré le secrétariat du parti au pouvoir à René Sadi pour le confier à un septuagénaire sans ambitions. Le couperet de la justice pèse sur Marafa Hamidou Yaya, l’autre dauphin présumé. A 79 ans, Biya semble n’être préoccupé que par une seule chose : conserver le pouvoir à tout prix. Avant de mettre un terme à cette réflexion, je vous renvois cette question qui me hante l’esprit : pourquoi parmi les grandes puissances économiques du monde, il n’y en a aucune où le détenteur du pouvoir exécutif n’est aux affaires depuis plus de 20 ans ?