lundi 5 janvier 2009

Ghana: L’exception démocratique !

Dans un continent miné par des crises politiques, l’alternance pacifique survenue au Ghana est un cas d’école en matière démocratique

John Kufuor, ancien président du ghana

John Kufuor vient de rentrer dans l’histoire d’une fort belle manière. Après 2 mandats de quatre ans (2000-2004 et 2004-2008), ainsi que le prévoit la constitution de son pays, le président sortant du Ghana a accepté de céder le pouvoir, sans tenter de réviser la constitution. Un exemple ! Ce d’autant plus que le verrou de la limitation a presque toujours été levé par la plupart des chefs d’Etat du continent, après le vent de la démocratie qui a soufflé sur le continent au début des années 1990. Le fait suffisait déjà à traduire de manière marquante l’exception de ce pays où se sont succédés trois présidents (Jerry Rawlings, John Kufuor et aujourd’hui John Atta Mills) en 24 ans.

Mais au-delà de cet acte salué par la communauté internationale, la tenue de l’élection constituait le volet le plus important pour évaluer de manière décisive si en fin de compte, le Ghana ferait le grand saut démocratique. Au terme d’une élection âprement disputée, les principaux indicateurs qui en ressortent démontrent bien que l’élection aura été démocratique. C’est le cas notamment du score final qui a départagé les candidats du NPP, Nana Akufo-Addo et du NDC (Congrès National Démocratique), John Atta Mills. C’est avec un score de 50,23 % contre 49,77 % que John Atta Mills a remporté l’élection présidentielle. L’écart très serré (0,46%) est l’un des indices qui donne des lettres de créance démocratique à cette élection.

John Atta Mills, président élu
En outre l’attitude du président sortant et des principaux challengers a renforcé l’esprit démocratique de l’élection. Dans son message de vœux de nouvel an à ses compatriotes, John Kufuor a appelé les uns et les autres au respect des résultats des élections. « J'appelle toutes les parties prenantes à se soumettre à l'autorité du président de la commission électorale quand il annoncera les résultats » a-t-il notamment déclaré, indiquant ainsi qu’il ne tenterait pas de remettre en cause une éventuelle victoire de l’opposition.
Nana Akufo-Addo, candidat du parti au pouvoir (Nouveau Parti Patriotique, NPP) et dauphin du président sortant a quand à lui aussi joué une partition respectable dans la musique démocratique de l’élection présidentielle ghanéenne. Il a reconnu sa défaite et félicité son adversaire. Un geste rare tant il est vrai que la contestation des résultats des élections s’est presque imposée comme une étape incontournable dans le processus des élections en Afrique.
Au bout du compte, le Ghana se positionne définitivement comme un pays démocratique, John Kufuor comme un leader respectable et la classe politique ghanéenne comme l’une des plus exemplaires sur le continent. Le Ghana devient donc pour toute l’Afrique, un exemple, une exception démocratique !