mercredi 14 janvier 2009

ELECAM : Le commonwealth prend position!

Dans un communiqué, l'organisation exprime ses réticences sur la nomination des membres de la commission électorale du Cameroun


Sanctions et menaces de sanctions internationales pèsent sur le Cameroun depuis la nomination des membres de Elections Cameroon (Elecam). La raison étant que les membres nommés par le président Paul Biya sont notoirement connus pour être les militants de son parti, le rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), parti au pouvoir. Après ces nominations sévèrement critiquées par la presse et l’opinion publique, l’organisation intergouvernementale multilatérale, Commonwealth, a position pour émettre quelques réserves par rapport au casting du chef de l’Etat camerounais.

Dans un communiqué signé de Lord Avebury, présenté comme le président du groupe de campagne pour le Cameroun, celui-ci s’indignait notamment de la qualité des douze membres nommés par le président Paul Biya dans le conseil électoral de Elecam. Il faisait remarquer que cinq des douze membres sont des cadres du Rdpc (Dorothy Limunga Njeuma, Cécile Bomba Nkolo, Fonkam Samuel Azu'u, Jules Mana Nschwangele, Abdoulaye Babale), que l'un d'eux (Thomas Ejake Mbonda) est " un ancien gouverneur Rdpc ", que Elie Mbonda est un cadre de la Fondation Chantal Biya alors que Justin Ebanga Ewodo est un ancien membre de l'Onel " qui a démontré son incapacité à conduire le processus électoral ". Lord Avebury recommandait ainsi la suspension des subventions prévues par le Commonwealth pour la mise en place de la commission électorale. Il a visiblement été entendu car,le commonwealth vient de suspendre son appui financier d’un montant de 15 millions d’euros (destiné à la mise en place des organismes déconcentrés de Elections Cameroon (Elecam), le nouvel organe «indépendant» en charge des scrutins au Cameroun.


Dans un communiqué signé ce mardi 12 Janvier 2009, le Commonwealth demande au président Paul Biya de reconsidérer ces nominations par une liste équilibrée. En clair, il est demandé au président camerounais de constituer une liste composée des personnalités qui n’affichent pas une appartenance politique notoire ou alors de panacher, dans une nouvelle liste, les membres de Elections Cameroon en y injectant à la fois des membres de son parti et les membres de l’opposition.
En outre, Le Commonwealth s’émeut des accusations portées contre le président du Conseil électoral d’Elecam, Fonkam Samuel Azu’u, également secrétaire général adjoint de l’Assemblée nationale qui aurait signé des ordres de mission "frauduleux" au nom de cette institution contre de l’argent, en faveur de jeunes Camerounais désirant aller poursuivre leurs études au Etats-Unis.
Paul Biya va t-il « reconsidérer » la liste des membres du conseil électoral d’Elections Cameroon ainsi que le suggère le Commonwealth ? Difficile de le penser si l’on considère qu’il n’a jamais été un homme qui cède à la pression et se laisse dicter ses décisions. Surtout lorsque l’acte qu’il est amené est fortement lié à son avenir politique. L’union européenne va t-elle aussi suspendre ses subventions pour la mise en place de Elecam ? L’on devrait le savoir dans les prochains jours.

L’organisation des élections présidentielles, à laquelle pourrait participer Paul Biya qui a fait réviser la constitution camerounaise, pour lever le verrou de la limitation des mandats présidentiels, échéance majeure pour la commission électorale controversée, semble en tout cas la toile de fond de tout le débat autour de Elecam. Et Paul Biya le sait sans doute. Sa réaction face à ces considérations internationales devrait permettre de lire ses intentions : se risquer à un bras de fer avec les partenaires internationaux pour assurer sa survie politique au-delà de l’élection présidentielle de 2011 ou rebrousser chemin pour mettre en place une commission électorale crédible qui pourrait lui être fatale s’il venait à décider de briguer un nouveau mandat après les 29 ans de pouvoir qu’il aura passé à la tête du Cameroun.

Fermeture du cinéma Abbia: Catastrophe du 7ème art au Cameroun

Le glas des salles de cinéma est en train de sonner. Révélant au grand jour l’un des problèmes majeurs du cinéma au Cameroun

Façade principale du cinéma Abbia à Yaoundé

Le cinéma Abbia a été scellé hier. "Pour cause de loyers impayés" a t-on appris auprès de certaines indiscrétions. Le directeur de cette salle de cinéma, M. Fotso se trouverait actuellement hors de la ville. Mais, son retour ne devrait rien changer à la situation. Le cinéma Abbia ayant subi de plein fouet une crise qui couve depuis l’avènement des technologies de l’information et de la communication.
Les habitués du cinéma Abbia le savent. Cette salle ne faisait plus courir les foules. Même pendant les Ecrans Noirs, moment intense de célébration de créativité et de l’excellence cinématographiques. Les raisons de cette déchéance sont pourtant connues. Les « avant-premières » n’ont plus leur sens. Il est devenu facile de télécharger des films sur Internet et de les visionner avant qu’elles ne soient même diffuser en « avant-première ». En outre, les cinéphiles se plaignent de la cherté des tickets d’accès dans les salles de cinéma. Il faut parfois débourser entre 1500 et 2500 Francs Cfa pour regarder certains films. Ce qui n’est pas vraiment coûteux mais, la propagation des disques vidéos n’a pas facilité les choses. Dans les marchés, le cinéphile peut facilement se procurer un VCD (Vidéo Compact Disc) à 1000 Francs et un DVD (Digital Vidéo Disc) à 1500 Francs.

Dans un tel contexte, aller dans une salle de cinéma n’a plus toute son importance. En outre, l'avènement des chaînes de télévision étrangères à travers le câble offre désormais la possibilité aux cinéphiles d’avoir, sans se déplacer, les meilleures sorties françaises, américaines et même africaines. Il devient donc très accessoire aux cinéphiles les plus enjouées de se rendre dans les salles de cinéma.

Mais si la responsabilité de cette situation incombe à la fois, aux pirates qui bradent les productions cinématographiques, aux nouvelles technologies qui font concurrence aux canaux traditionnels de diffusion des œuvres cinématographiques. Il convient aussi aux autres acteurs de prendre leur responsabilité pour éviter la mort du cinéma. D’abord aux opérateurs du secteur à qui, il revient de formuler des stratégies innovantes, susceptibles d’attirer les foules. Il revient aussi au public d’aider à l’évolution du cinéma en se rendant dans les salles de spectacle. Il revient enfin aux autorités en charge de la culture de subventionner ce secteur pour l’aider à survivre aux mutations de notre siècle. L’urgence d’une telle mobilisation est non seulement évidente, mais elle devient urgente. Il y a tant de personnes concernées par la production et la diffusion cinématographiques que sa disparition pourrait affecter.

En attendant, on constate simplement que Yaoundé vient de perdre sa dernière salle de cinéma alors que le 7ème art se porte de plus en plus mal au Cameroun.