mardi 6 janvier 2009

Alucam: Raphaël Titi Manyaka prend sa retraite

Il laisse son fauteuil à Alain Malong qui assure l’intérim de la direction générale

Raphaël Titi Manyaka, Ex DG d'Alucam (depuis 1994)

Dans un contexte où la jouissance des privilèges et des honneurs est de règle, le départ volontaire d’un haut responsable dans une administration est presque toujours un événement. C’est le cas de Raphaël Titi Manyaka qui a décidé de se retirer de la compagnie Alucam. A en croire le quotidien gouvernemental Cameroon Tribune de ce jour, celui-ci n’est plus directeur général de la compagnie camerounaise d'aluminium (Alucam) depuis le 1er Janvier 2009. « Il a quitté ses fonctions pour prendre une retraite bien méritée » indique Cameroon Tribune. Il s’agit donc d’une décision volontaire de la part du désormais ex directeur général. Un fait rare au Cameroun. Surtout qu’il s’agit d’une des plus importantes sociétés installées au Cameroun (Alucam représente à elle seule à plus de 7% de la production industrielle du Cameroun).

Raphaël Titi Manyaka entre donc dans la lignée des hauts responsables camerounais qui considèrent la retraite non pas comme une sanction, mais comme un moment crucial dans la vie d’un employé qui aura œuvré pour son pays, son gouvernement ou son entreprise, et qui doit prendre du repos. Sauf si, est-on tenté d’interpréter en pareille circonstance, cette retraite n’était qu’un ressort pour lui permettre de s’élancer vers une carrière politique ou administrative encore plus élevée. Quoiqu’il en soit Raphaêl Titi Manyaka n’est plus directeur général d’Alucam.

Directeur général depuis 1994, il a passé plus de 30 ans dans la société Alucam. Il a gravi presque tous les échelons de la hiérarchie du groupe au Cameroun. Il laisse son fauteuil à Alain Malong qui assure l’intérim de la direction générale en attendant la désignation d’un nouveau directeur général par le conseil d’administration.

Plateforme d'Alucam, Edéa

Quand à Alucam, c’est une longue expérience qui a été la sienne au Cameroun. Elle a célébrée en 2008, son cinquantième anniversaire dans notre pays. Nationalisée à partir de 1958, soit à deux ans de l'accès à l'indépendance du Cameroun, Alucam a beaucoup contribué à la structuration du tissu industriel camerounais. Au plus fort de la crise économique qui frappe le Cameroun au début des années 1980, l'essentiel des actions de l'entreprise passeront sous l'escarcelle de Rio Tinto Alcan, actionnaire majoritaire de l'heure. Mais l’histoire de cette société débute plus loin, au début des années 50. Les jalons d'Alucam sont jetés en 1952 par Pechiney, principal opérateur d'un consortium international d'industriels qui exploite, à partir de 1960, les gisements de bauxite de Fria en Guinée Conakry. De 1952 à 1958, Alucam est une usine française d'outre-mer placée sous la responsabilité de Raoul de Vitry, président, et d’André Castex, directeur d'usine.

A ce jour, Alucam s'efforce à produire annuellement entre 90 000 à 100 000 tonnes d'aluminium dont les 2/3 sont exportés et le reste mis à la disposition de ses principales succursales que sont Socatral et Alucam, quand la fourniture de l'énergie n'est pas interrompue.

Foly Dirane: Une vie au service de la jeunesse camerounaise

Animateur vedette de télévision, il a vu sortir de "son moule" nombreux talents


Foly Dirane

Il voulait devenir avocat. Mais, avec les observations d’un «aîné», il fait le constat que l’éloquence et la persuasion d’un avocat ne suffisent pas à gagner une procédure judiciaire dans un tribunal. « Il faut monnayer » lui dit alors cet aîné. Aux portes du Diplôme d’Etudes Universitaires Générales (DEUG) en Droit, il lâche prise. Son rêve s’effondre. C’est désormais vers l’enseignement qu’il se tourne. C’est sans doute l’envie de toujours partager son expérience avec la jeunesse qui l’y pousse. Il enseigne donc à Sainte Beuve à Bagangté et à l’Integ à Douala. Parallèlement, il est animateur en free-lance. C’est d’ailleurs au cours de l’une de ses prestations en tant qu’animateur qu’il fait la rencontre de Eric Chinje, journaliste émérite à la Cameroon Radio and Television (Crtv) qui lui demande s’il souhaite travailler à la Crtv. C’est ainsi qu’il fait son entrée en 1987 à la télévision nationale où son talent d’animateur se révèle au grand public.


Animateur Vedette
"Dance Cameroon Dance" est sans aucun doute l’émission qui lui a ouvert les portes de la célébrité. L’émission de 30 minutes est un concours de danse opposant 3 couples et arbitré par un jury composé de 3 membres. Si la vulgarisation des danses camerounaises et étrangères est l’idée de fond qui sous-tend la création de l’émission, la Crtv découvre un animateur au talent certain. Fait exceptionnel, il se voit confié en moins de 3 mois, 3 émissions d’animation. En plus de Dance Cameroon Dance, il anime désormais Cocktail aux Décibels et Inter-collèges. Avec du succès au rendez-vous. Au grand regret de ses détracteurs, celui qui est directeur général de la Crtv d’alors, Gervais Mendo Ze le désigne présentateur de l’émission V comme Vedette. C’est d’ailleurs à lui qu’on doit le nom de l’émission. A « Vedettes de la musique » qui était proposé comme titre de l’émission, il substitue « V comme Vedette ». Un choix qui remporte l’adhésion des principaux responsables de la structure. Son style, son tempérament, sa personnalité aux antennes séduisent indéniablement. Son talent et sa renommée finissent par dépasser les frontières de la Crtv et du triangle national. Il reçoit l’épi d’or d’animation en 1990 et le prix de l’Excellence Africaine en 1994. L’année suivante, il est fait Baobab de la communication.

Il accumule les sollicitations de sa hiérarchie qui a trouvé en lui, la perle rare de l’animation. Music Train, Grand Sport, Le Quizz du Succès, Tam-Tam Week-end, Le Millionnaire et Nous Nous King sont quelques programmes qu’il rencontre sur le chemin de son ascension professionnel. Il rafle la mise. A l’émission Délire, il s’impose comme l’indéboulonnable patron. Tant et si bien que son visage et sa voix semblent désormais liés à ce programme de variétés musicales de 60 minutes qu’il anime sans relâche depuis 17 ans. C’est dans cette dernière émission qu’il participe activement à la formation de plusieurs jeunes qui font encore aujourd’hui, les belles heures de l’art et des médias.

Je m’occupe avec joie de ceux qui vont gouverner demain
Foly Dirane


Jeune dans l’âme, il a longtemps œuvré aux côtés de la jeunesse de son pays. Après avoir enseigné et partagé ses connaissances avec certains élèves des villes de Banganté et Douala, Foly Dirane n’a jamais manqué une occasion de promouvoir les jeunes. Dans l’émission V comme Vedette, lors d’une édition, il crée un intermède pour donner sa chance à Ntu Finga alors totalement inconnu. Ce dernier se révèlera plus tard comme l’un des humoristes les plus connus et sollicités du Cameroun. C’est surtout dans l’émission Délire qui va se produire une trentaine de jeunes qui s’expriment à ce jour sur la scène nationale et internationale. Pasticheurs entraînés et sélectionnés par Foly Dirane, plusieurs jeunes incarnent à grand renfort de chorégraphies souvent originales, leurs stars préférées de la chanson. Foly les encourage à créer leurs propres œuvres en leur inculquant des valeurs de discipline artistique, de présence scénique et de perfection du Play back. De cette « école » sortiront plusieurs noms de la chanson camerounaise parmi lesquels, Jacky Biho (qui devient plus tard son épouse), Kris Badd, Guy Manu, Junior Sengard, Ange Bagnia, Claisse Valéry, Soul, Eric Marlou. C’est aussi le cas des groupes de Ragga, Dirane Posse, Union Force, Natural Dc, Apolypse et bien d’autres. Délire est aussi l’occasion pour Foly de mettre sur pied un groupe de jeune extrêmement soudé dont le concours est indispensable pour la préparation et l’enregistrement de l’émission. Il s’agit des Mercenaires Rouges à qui Foly enseigne les rudiments de l’animation tout en leur inculquant un sens aigu des responsabilités, de l’organisation et de la discipline. Parmi ces Mercenaires Rouges, il y a eu Marc Onana, Jean Olivier Owona (J.O.O), Gervais Meyomesse (Gervy), Manga Lazare, Achille Bindzi, Cyrille Ottou, Marc Onana. Picksso Black et Serges Eyezoa sont quelques autres figures de l’espace médiatique qui doivent sans aucun doute, une certaine reconnaissance à Tafen Adrien. Mais, globalement, c’est dans le milieu musical qu’il a beaucoup œuvré. « Je compte une trentaine d’artistes qui ont sorti au moins un album » se satisfait Foly Dirane qui se demande aussi si « même la grande Star Académie » en a fait autant. Ashley Stéphanie, la nouvelle « bombe » de la musique camerounaise et Nadine Patricia Mengue, animatrice à 3A Télésud en France sont également quelques unes de ses fiertés. C’est en effet grâce à Foly Dirane que Nadine Patricia a pu, pour la toute première fois, parler sur les micros de la FM 94.


Kris Bad et June, révélation de l'émission "Délire"

Ennemi de la "pédérastie sectaire"

Foly Dirane s’est en tout cas illustré comme un formateur des jeunes. « Je m’occupe de ceux qui vont gouverner le Cameroun demain » confie avec joie Foly Dirane. Pour lui, cet investissement mérite une reconnaissance de l’Etat. « Je ne veux pas de postes. J’espère juste qu’on va m’appuyer dans ce que je fais et organiser une cérémonie en l’honneur de ce que j’ai fait pour la jeunesse de mon pays » fait-il savoir.

Il se passe rarement une édition de l’émission Délire sans que Foly Dirane ne mette en garde les jeunes contre une forme d’homosexualité qui a cours au Cameroun. « Vous devez savoir qu’au Cameroun, ce n’est pas vraiment l’homosexualité telle qu’elle se vit en Europe. C’est l’homosexualité alimentaire. C’est ce que j’appelle la pédérastie sectaire » explique ce pourfendeur de la pratique homosexuelle. Son combat est, dit-il, d’abord motivé par le respect de la loi. Il n’hésite pas à brandir une ordonnance (article 348 bis du code pénal) signé de l’ère du président Ahmadou Ahidjo qui interdit cette pratique. L’autre argument qu’il oppose à cette pratique, c’est qu’elle est imposée comme condition sine qua non par des groupes magico-sectaires aux jeunes pour réussir dans la société. « Il s’agit d’une secte qui a choisi comme moyen de domination, l’homosexualité. Cette secte a de l’argent et du pouvoir et elle veut obliger tous les jeunes camerounais à y entrer » explique t-il. Ce que Foly Dirane redoute le plus, c’est la médiocrité régnante qui tend à s’imposer avec cette pratique. Des personnes médiocres sont propulsées à des postes de responsabilité « par la voie annale » dénonce t-il. « Ces gens là combattent tous ceux qui sont en dessous d’eux et qui sont pourtant plus compétents » déclare t-il. Foly Dirane ne manque jamais une occasion de déterrer la hache de guerre contre « la pédérastie sectaire ». En 2001, dans sa chanson Les Mouches, il fustige la pratique. Plus grave, il provoque un véritable tollé dans la salle du Hilton Hôtel, lors d’une cérémonie de remise des prix par l’association Camer Foundation. Devant un parterre de diplomates et de hautes personnalités de la République, il prononce cette phrase choc et mémorable : « L’anusocratie ne doit pas prendre le pas sur la méritocratie ». Une véritable déclaration de guerre qui ne lui a pas valu beaucoup d’amitiés. Mais, l’homme est resté ferme et déterminé.

Foly Dirane

Musicien, comédien, scénariste et réalisateur

S’il est beaucoup plus connu comme animateur télé, Foly Dirane endosse plusieurs casquettes. Musicien, il a commis 3 albums : Différences en 1988, Crise de Foly en 1998 et Yéyé Yo en 2002. Fruits d’un travail littéraire profond, ses chansons s’illustrent par un alignement de rimes qui rendent agréables ses textes et leur donnent une tonalité assez originale. Ce qui ne dilue en rien le sens et la profondeur de ses messages. Dans La Fille du Saré, il démontre que l’une des caractéristiques des femmes du Nord Cameroun est leur attachement aux bijoux. Musicien engagé, il dénonce abondamment dans ses chances, des maux aussi variés que l’exploitation abusive des ressources forestières (Forêts aux abois), l’homosexualité (Les Mouches), la corruption (La Magouille). Il dédie cette dernière chanson à Garga Haman Adji qualifié de « chasseur de baleines » pour avoir mené un combat contre les actes de corruption dans les hautes sphères de l’Etat
Foly Dirane a aussi fait des classes dans la comédie. En fait, il s’agit là d’une passion qui date de 1979. Une passion qui s’est déclenchée dans une salle de cinéma. Au soir de sa décision de renoncer au métier d’avocat, il visionne le film « Grease », comédie musicale dont l’acteur principal est John Travolta. Profondément marqué par le film, il décide d’embrasser la carrière de scénariste. Il écrit alors Makossa Fever, scénario resté dans les tiroirs depuis sa gestation. Il est aussi scénariste et réalisateur de Amour amère, un feuilleton de 4 épisodes de 26 minutes chacun. « La diffusion de ce feuilleton dépend de l’Unesco » précise Foly Dirane. En ce moment, il travaille sur un autre feuilleton intitulé Pratiques Mystiques dont 13 épisodes de 26 minutes ont été entièrement rédigés. Il compte dans ses tiroirs pas moins de cinq scénarii en attente de diffusion. Si ces scénarii ne sont pas diffusés, ce n’est certainement pas parce qu’ils manquent de consistance. D’ailleurs, les prix Westdeutscher Rundfunk de Cologne, Matila en 2000 et 2007 démontrent à suffisance l’immense talent du scénariste.

Entre l’écriture des scénarii, des chansons et l’animation de ses émissions à la Crtv, Foly Dirane continue de promouvoir les jeunes artistes qui se confient à la lui. En attendant bien sûr une consécration à la hauteur du travail accompli pour la jeunesse camerounaise. A coup sûr, Foly Dirane a encore des choses à donner à d’autres jeunes qui se bousculent aux portes de la musique et des médias. Dans l’espoir de devenir comme un certain Kris Badd ou Nadine Patricia dont les noms résonnent désormais bien au-delà du triangle national.