samedi 25 septembre 2010

Le Cameroun est-il à l'abri de nouvelles émeutes ?


Suite aux émeutes de février 2008, le président Paul Biya s’était décidé à appliquer une double thérapie : la suspension des droits de douane sur plusieurs produits de première nécessité parmi lesquels le poisson, la farine, le blé, le riz et la revalorisation de 15% des salaires des fonctionnaires. Aujourd'hui, les tensions sociales s'accumulent avec une hausse du prix de l'électricité, les pénuries récurrentes d'eau, les contestations pré-électorales, les rumeurs de coup d'Etat etc.


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vendredi 17 septembre 2010

Mon article dans le plus grand quotidien suisse francophone




Cet article a été publié dans le quotidien suisse francophone "LE TEMPS". Vous pouvez le lire en intégralité en cliquant ici

mercredi 15 septembre 2010

TIC : La 5ème journée du logiciel libre annoncée pour le 18 septembre



Elle aura lieu au palais des Sports de Yaoundé en présence du ministre des Postes et Télécommunications

Pour la cinquième fois, après les éditions de 2006, 2007, 2008 et 2009, l'association PROTEGE QV (Promotion des Technologies Garantes de l’Environnement et de la Qualité de Vie) organise le Software Freedom Day (SFD). Cette "journée du logiciel libre" aura lieu au palais des congrès de Yaoundé le 18 septembre 2010 de 8h30 à 18h. Elle est placée sous le thème "le logiciel libre, une opportunité pour votre entreprise". La cérémonie devrait être présidée par le ministre des Postes et Télécommunications, Jean Pierre Biyiti Bi Essame. "Nous avons déjà reçu l'accord du ministre" rassure Balbine Tsafack, membre du comité d'organisation du SFD 2010. Cette édition consistera en deux conférences et deux ateliers. La première conférence aura pour thème, "les enjeux du déploiement d'un logiciel libre de gestion intégrée en entreprise". Quand à la seconde conférence, elle aura pour thème, "l'impact de l'insertion des logiciels libres dans l'enseignement". Les deux ateliers porteront respectivement sur "l'installation, la configuration et l'utilisation d'un logiciel libre de gestion intégrée en entreprise" et sur "comment choisir votre plate-forme de gestion de contenu (Cms)". Ces différents travaux devraient permettre aux responsables d'entreprises de mieux gérer leurs structures grâce à l'utilisation des logiciels libres ; aux élèves et étudiants de mieux assimiler leurs cours grâce à certains logiciels libres ; aux divers participants de créer des sites Internet grâce aux systèmes de gestion de contenu (cms) libres.

Software Freedom Day

Le SFD n'est pas une invention camerounaise. Il représente la célébration ou la
journée mondiale du logiciel libre et Open source. Il a été organisé pour la première fois le 28 août 2004, par le Software Freedom International (SFI) qui est une organisation à but non lucratif, en présence de plus de 70 équipes. Depuis lors, l'évènement a gagné en popularité et est aujourd'hui célébré par plus de 400 équipes de volontaires dans plus de 100 pays dans le monde. Au Cameroun, l'équipe ayant pris l'initiative de le célébrer est l'ONG PROTEGE QV ; une association de droit Camerounais ayant pour principale mission, la promotion des initiatives individuelles ou collectives visant à la protection de l’environnement et à l’amélioration de la qualité de vie. Le SFD vise trois objectifs généraux : informer le grand public des avantages techniques, éthiques et pratiques des logiciels libres et ce à l'échelle mondiale ; contribuer au développement de l'informatique libre, en communiquant vers un public de particuliers et de professionnels sur les possibilités qu'elle offre aujourd'hui et en permettant à ses acteurs de se rencontrer ; valoriser localement l'utilisation de l'Informatique libre, qui suppose de permettre aux compétences locales de s'exposer.
Mohamadou Houmfa
Programme du 18 septembre 2010
8h30 Accueil
9h30 Ouverture Officielle et Démarrage des ateliers :
10h00 Conférence1 : Enjeux du déploiement d’un logiciel libre de gestion intégrée (ERP) en entreprise
11h30 Conférence2 : Impact de l’insertion des Logiciels libres dans l’enseignement (primaire, secondaire et universitaire)
12h45 Quiz
13h30 Workshop1 : Installation, configuration et utilisation d’un ERP/CRM
14h30 Compétitions
15h15 Workshop2 : Comment choisir votre plate-forme de gestion de contenu (CMS) : cas pratique d’un CMS libre
16h30 Remise des prix et parchemins
18h00 Clôture

vendredi 20 août 2010

La diaspora camerounaise objet de convoitises politiques


Alors que l'image du Cameroun est de plus en plus ternie à l'étranger, le gouvernement et certains groupes de pression cherchent à "contrôler" la diaspora.

L'image du Cameroun prend des coups depuis quelques mois. Deux rapports de l'ONG International Crisis Group ont dressé une photographie particulièrement alarmiste sur le Cameroun. En indiquant que les risques de divisions ethniques, dans l'armée et pour la conquête du pouvoir, les nombreuses défaillances institutionnelles faisaient peser sur le Cameroun, des risques d'instabilité politique. Le rapport "Doing business" sur les questions économiques a placé le Cameroun vers la queue de peloton de plusieurs pays en terme terme de facilités d'investissement. Un classement de la revue américaine "Foreign Policy" a placé le président camerounais Paul Biya parmi les pires dictateurs du monde.

Derrière ces rapports, il y en a qui n'hésitent pas à voir la main des activistes camerounais vivant à l'étranger. D'ailleurs, il y a seulement quelques mois, Célestin Bedzigui, homme politique camerounais vivant aux Usa a décidé de saisir l'Organisation des Nations Unies (Onu) pour que soit diligentée une enquête sur les émeutes de février 2008 réprimés les forces de l'ordre et ayant abouti à la mort d'une centaine de jeunes camerounais. En outre, les déplacements du chef de l'Etat camerounais sont de plus en plus perturbés par des manifestations organisées par certains Camerounais de l'étranger. Alors que le pouvoir de Yaoundé investit des sommes importantes (dans des médiaux internationaux) dans l'achat des espaces publicitaires pour améliorer son image à l'étranger, certains Camerounais ont pris d'assaut des sites Internet d'informations pour critiquer les actions du gouvernement et véhiculer des diatribes contre le président Paul Biya. La diaspora semble donc de plus en plus gêner le pouvoir de Yaoundé. C'est pourquoi, cette diaspora est de plus en plus courtisée. En juillet dernier, à Washington aux Etats-Unis, s'est tenue la première conférence de la Cameroon disapora for change (Camdiac). Cette conférence éminemment politique a regroupé plusieurs Camerounais de l'opposition et même l'ancien capitaine putschiste (dans l'affaire du coup d'Etat manqué de 1984), Guerandi Mbara. Selon Adamou Ndam Njoya, leader du parti parti de l'opposition (Udc), qui s'exprimait lors d'une conférence de presse à Yaoundé, cette rencontre de Washington visait à "discuter des méthodes démocratiques pour une révolution qui bénéficie à tous les Camerounais". Objectif feutré donc : "chasser Paul Biya du pouvoir" comme suggéré par l'un des participants à cette conférence.

Réplique

Quelques semaines après cette conférence, une autre frange de la diaspora s'est réunie à Yaoundé pour le premier forum économique et comercial (forecdia 2010). Cette rencontre organisée par le pouvoir de Yaoundé - comme pour donner la réplique à la Camdiac - avait pour objectif général "d'amener la diaspora camerounaise à participer de manière plus significative au développement économique et social" du Cameroun. Si le flou persiste sur les résolutions de la rencontre de Washington (aucune synthèse officielle n'a été livrée à la presse même si le leader du parti politique Union Démocratique du Cameroun a précisé qu'il ne s'était pas agi de parler de coup d'Etat), celle de Yaoundé a connu une maigre moisson : il est annoncé la mise en place d'un fonds d'investissement de la diaspora.

La diaspora camerounaise est donc l'objet de sollicitation. Autant par la régime de Paul Biya qu par les forces de contestation. "Le régime entend utiliser la diaspora comme un élément de renforcement par lequel celle-ci apporterait son savoir faire au plan technique, scientifique et économique sans mettre en cause le contrôle politique que ce régime exerce sur le Cameroun. Par contre pour les groupes d’opposition, il s’agit de mobiliser la diaspora en jouant précisément sur une certaine capacité d’interpellations de nombreux réseaux de cette diaspora qui conteste la crédibilité, l’efficacité ou la légitimité du système politique et institutionnel camerounais actuel. Dans la perspective de ces forces d’opposition, l’implication et l’engagement de la diaspora au Cameroun sera d’abord politique parce qu’on estime que le système institutionnel n’est pas un système pertinent" analyse le politologue Owona Nguini. "La manière dont un certain nombre de groupes proches de la diaspora politique contestataire se sont mobilisés à l’occasion de l’affaire des vacances présidentielles ou à l’occasion du rapport du Comité catholique contre la faim et pour le développement (Ccfd) à montré que ces groupes pouvaient peser sur l’image du Cameroun à l’extérieur et sur la réputation même de son gouvernement. Voila pourquoi le gouvernement semble avoir changé de fusil d’épaule en entreprenant de dialoguer avec un certain nombre de milieux de cette diaspora, de structurer politiquement une diaspora qui lui soit plus favorable" ajoute t-il.

Drague mesurée

Le gouvernement veut désormais intégrer la diaspora dans les composants de sa structure organisationnelle. Il évite toutefois d'aborder avec elle (cela s'est encore démontré au cours du forum de Yaoundé) deux questions majeures : le droit de vote et la double nationalité. De plus en plus, les Camerounais de l'étranger veulent pariticiper au vote des décideurs et veulent jouir de la nationalité camerounaise que la loi n'accorde pas à tous ceux qui décident de prendre une autre nationalité. La pression s'accentue désormais sur le pouvoir de Yaoundé, au moment même où elle sollicite la contribution de sa diaspora, de lui accorder droit de vote. Un risque politique que le régime au pouvoir redoute car, elle n'a pas la garantie que cette frange de camerounais lui accorderait ses suffrages. S'il arrivait que cette diaspora vote massivement contre lui, il serait alors difficile d'expliquer le contraste entre le rejet de ses compatriotes de l'étranger et ceux vivant sur son territoire national. En attendant de lui concéder ce doit de vote, le pouvoir de Yaoundé tente de recoller les morceaux. Il entend désormais organiser un forum économique et commercial avec la diaspora chaque année. Et, le président Paul Biya a récemment promis de "revenir" sur certaines revendications de la diaspora. Jusqu'à ce que, peut-être, se tienne la prochaine élection présidentielle à laquelle certains lui prêtent l'envie de prendre part.

lundi 16 août 2010

Alain Blaise Batongué: Du rêve de diplomate à l’exercice du journalisme

Directeur de publication du quotidien Mutations et vice-président de l’Union de la Presse Francophone, il est un journaliste émérite






C’est un dimanche. 2 Mai 2010. C’est ordinairement un jour de repos. Au siège de la South Media Corporation, Alain Blaise Batongué, directeur de publication du quotidien Mutations est pressé par des multiples sollicitations. Entre son téléphone qui sonne au moins une fois toutes les 5 minutes et les reporters d’une chaîne de télévision internationale venus recueillir son avis sur la liberté de la presse au Cameroun, il trouve quelques minutes à consacrer au reporter de JDC. Dans son style, calme et courtois, il déroule plus de vingt années d’une vie de journaliste. Une vie qui l’a choisie. Car en réalité, ABB (comme l’appellent les intimes) rêvait de devenir «ambassadeur».

Quand j’étais gosse, lorsqu’on me demandait ce que je voulais faire dans ma vie, je répondais que je voulais devenir ambassadeur. Au fur et à mesure que je grandissais, j’ai compris que pour cela, il fallait être diplomate.
Alain Blaise Batongue



Courant après un destin qui n’est pas le sien, il s’inscrit après son Baccalauréat, en faculté de Droit à l’Université de Yaoundé. Sa licence obtenue, il passe une fois le concours d’entrée à l’Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC). Il est recalé pendant les épreuves orales. Un coup de tête du destin. Et pourtant, le journalisme l’appelle. Au lycée bilingue de Yaoundé, peut-être du fait de la qualité de mes rédactions et de mes dissertations, on m’a encouragé à intégrer le club journal se rappelle t-il. Pour lui cependant, ce n’est qu’un « hobby ». Il ne sait alors pas qu’il effectue là, les premiers pas d’un métier qui le suivra pendant de très longues années.

Les portes de la diplomatie lui ayant été fermées, il va revenir au journalisme. Il effectue le concours d’entrée à l’Ecole Supérieure des Sciences et Techniques de l’Information et de la Communication (ESSTIC) de Yaoundé en 1990. Il est reçu. Même si ce n’est pas le métier que je voulais exercer, je vais tout faire pour être le meilleur se jure t-il. Etudiant en journalisme, il officie comme correspondant du journal « Dikalo » à Yaoundé. A sa sortie de l’école, il est recruté par le ministère de la fonction publique. Il travaille à la Cameroon Radio and Television (CRTV) comme « collaborateur extérieur » et anime quelques émissions à la FM 94, une chaîne urbaine de la CRTV. Il sera consulté pour la mise en place d’un nouveau journal : « Générations » qui selon lui et l’avis de certains observateurs de la presse « reste l’un des meilleurs journaux que le Cameroun ait jamais eu ». En Juillet 1996, en compagnie de « deux amis », Haman Mana et Alphonse Soh, il participe à la création du quotidien « Mutations ». 14 ans après, il n’a pas quitté le navire. Il en est même devenu le capitaine. Directeur de Publication. Une progression verticale qui repose sur un triptyque sur lequel, il adosse toute sa carrière : le talent, le travail et la patience. « Aujourd’hui, on peut me voir rouler dans une grosse voiture et penser que c’est facile. C’est 17 ans, en fait 20 ans de travail » commente t-il. Alain Blaise Batongué n’est finalement pas devenu diplomate mais, c’est presque pareil.

Grâce au journalisme, je me suis enrichi de beaucoup de contacts et j’ai effectué beaucoup de voyages. Je ne suis pas ambassadeur au sens où je l’entendais mais je peux dire que je suis ambassadeur du journalisme.
Alain Blaise Batongue


En fait, Alain Blaise Batonguè peut se féliciter d’avoir réalisé le rêve d’un destin international. Il est à ce jour président de la section camerounaise de l’Union de la Presse Francophone (UPF) et, vice-président international de cette organisation. C’est en France en 1998 pendant la coupe du monde qu’il décide d’adhérer à l’UPF. En 2003, le président de la section camerounaise est pointé dans une affaire de trafics illicites et de visas. Tombé en « déshérence », il est sanctionné par l’organisation. En Août de la même année, le secrétaire général de l’organisation décide de procéder à la nomination d’un président de la section camerounaise de l’organisation pour « redonner de la crédibilité et de la visibilité à l’Union ». ABB est nommé. Il décide de faire profiter le Cameroun de cette position. Il organise des séminaires de formation à l’intention des journalistes au Cameroun. En outre, fait notable, grâce à l’entregent du «diplomate», le Cameroun a eu l’insigne honneur d’accueillir les 41èmes assises de l’UPF.

En fait d’ambition internationale, Alain Blaise Batonguè espère poursuivre sa carrière dans le secteur de la communication institutionnelle. Dans une organisation internationale. Après plus de 20 ans, je peux revendiquer une expérience qui me permette de faire des consultations auprès des organisations internationales pense t-il. Mais en attendant, il reste très proche des milieux de la presse.
Il y a du bon et du mauvais dans la presse camerounaise. Je suis heureux de constater que parfois la presse réussit à faire bouger les lignes. Peut-être pas encore au niveau de la Présidence de la République qui est considérée comme une imprenable citadelle mais, il y a des enquêtes au niveau de la presse qui permettent de faire bouger les choses (...) Il y a tout de même des confrères qui écrivent n’importe quoi.

Alain Blaise Batongue

Aux jeunes confrères qui le regardent en admiration, il réitère le triptyque « talent, travail et patience ». Pendant que j’étais à l’école, j’ai travaillé pour des gens qui promettaient de me payer et ne me payaient pas. J’ai supporté cela parce que je considérai ça comme un apprentissage, conseille t-il. Aujourd’hui à la tête du journal qu’il a contribué à créer il y a 16 ans, ABB, est un travailleur acharné qui veut tout savoir sur ce qu’il y a dans chaque parution. Au point de provoquer les critiques de certains de ses collaborateurs. Il s’implique dans tout. Il vérifie les articles, surveille les rubriques bref, il se comporte comme un super rédacteur en chef. Ce n’est pas ce qu’on attend d’un directeur de publication, grince l’un de ses collaborateurs qui lui reconnaît toutefois, des qualité de manager dans un contexte où il y a beaucoup de pression à gérer. Pour une carrière réussie, celle d’ABB en est une. Il a déjà eu presque tout ce dont un journaliste peut rêver. Des moyens financiers, beaucoup de voyages à l’étranger, une réputation établie, un solide carnet d’adresses. Peut-être lui manque t-il juste de créer son propre journal admire un jeune confrère. Aurait-il été tant comblé s’il était devenu diplomate? Mystère du destin.

jeudi 15 avril 2010

Yaoundé : La séduction à guichets fermés de Charlotte Dipanda



La musicienne a offert un double concert ce week-end au CCF de Yaoundé

Il aura fallu seulement trois jours pour écouler les billets du spectacle de Charlotte Dipanda. La conséquence étant que, Vendredi 9 Avril dernier, les fans, massés à l'entrée du concert de la musicienne, se sont rendus compte qu'ils ne pouvaient plus avoir accès à la salle. C'est depuis 11 heures que je suis là et on me dit que je ne peux plus avoir de billets parce qu'ils sont épuisés tempêtait alors un fan qui a toute de même attendu 19 heures, heure du début du spectacle dans l'espoir d'obtenir, comme par miracle, un billet d'entrée. Pour rien au monde, je ne pouvais rater ça s'est écrié Marie, faisant un signe de croix pour avoir finalement obtenu, en dernière minute d'entrer dans la salle de spectacle. Laissant derrière elle, à l'entrée du CCF, une cinquantaine de fans, médusés de savoir qu'ils allaient finalement manquer la prestation de la nouvelle perle de la chanson camerounaise. La "dipandamania" a opéré son charme à Yaoundé, obligeant les responsables du CCF à trouver une solution alternative pour satisfaire les fans. Dans un premier temps, nous avons voulu que Charlotte organise un deuxième concert le même soir, pour satisfaire en deux vagues, les fans. Mais Charlotte est arrivée à Yaoundé un peu fatiguée et nous avons programmé un autre concert Samedi à 14 heures explique Nadège Bourguignon, chargée de la communication du CCF.

Charlotte fait vibrer ses fans

Vendredi soir, le spectacle aura finalement débuté à 19 heures et 20 minutes. Sur la scène, deux jeunes musiciens, Christian Ikoumou et Franklin Aleba Mokala. En trois titres d'une musique acoustique que les fans ont accueilli avec un étonnant triomphe, ils ont fait vibrer la salle. Dans une épatante communion, le public n'a cessé de répéter "Yes" aux symphonies composées par les jeunes musiciens. L'ambiance a toute fois pris une autre dimension quand, Charlotte Dipanda a fait son entrée dans la salle. Acclamée à tout rompre, elle a égrené les titres de son album "Mispa". Splendide, dominant la scène de sa voix câline, esquissant quelques fois des pas de danse de Makossa, Charlotte Dipanda a fait vibrer ses fans. Qui le lui ont rendu en reprenant en choeur, les titres de son album solo. Quelques uns se sont même invités sur la scène pour esquisser des pas de danse. Dans une ambiance très animée qui a arraché à l'ancien ministre des Sports, Augustin Thierry Edjoa, des salves d'applaudissement. Quand arrive le moment d'interpréter le titre "Mispa", Charlotte ne peut se retenir, deux filets de larmes perlent sur ses joues et, une parente de l'artiste éclate en sanglots. La salle figée d'émotion se contente finalement d'applaudir. Le guitariste, Julien Pestre, affublée du surnom de "Essomba" s'autorise quelques fois des notes de guitare enflammées qui font gémir les fans de joie. Au terme du spectacle, une ligne humaine se forme devant Charlotte Dipanda pour lui arracher ses disques dédicacés, vendus à 10 000 Francs l'unité. Comme des bouts de pain."Un don de Dieu" s'exclame un fan à la sortie pour qualifier la voix de Charlotte Dipanda. "Elle me tue" déclare une autre.

Le rendez-vous pris pour samedi 10 Avril à 14 heures, n'a cependant pas fait courir les foules. Sans doute en raison de la faible médiatisation de ce spectacle programmée en urgence. Il reste toutefois que, pour la deuxième escale de sa tournée nationale "Mboa Tour", Charlotte Dipanda a dû faire le constat de "l'amour" et de "la passion" qu'elle suscite au sein du public. Un remarquable succès.

vendredi 19 février 2010

NIGER : TANDJA ou la chronique d’une inévitable descente aux enfers


Clés de lecture d’une révolution de palais attisée par le désormais ex-président.



Il faut saluer le sens de la prospective du journal Jeune Afrique qui avait, depuis plusieurs semaines, évoqué l’idée d’un choc, sinon d’une possible rupture entre l’armée nigérienne et le désormais ex-président Mamadou Tandja. En effet, dans son numéro 2551, le journal Jeune Afrique titrait « Tandja face à l’armée ». Le journal révélait l’existence de tracts qui circulaient dans les casernes à Niamey dont l’un, significatif, faisait remarquer « qu’après le 22 décembre, date initiale de la fin de son mandat, le président Tandja ne sera plus légitime…Selon ce texte, c’est justement parce que l’armée nigérienne est républicaine qu’elle ne peut reconnaître la légalité du pouvoir actuel au-delà du 22 décembre… ». Signe évident d’une rupture au sein de l’armée au moment même où le chef d’Etat major le général Momouni Moureïma mettait les soldats en garde « contre toute tentative de remise en cause des institutions de la République ».
Mamadou Tandja, après avoir dynamité les principales institutions de l’Etat, pour assouvir sa soif égoïste et personnelle de conserver illégalement le pouvoir, a tenté d’amadouer l’armée. Mais là encore, Jeune Afrique, lucidement, offrait un indicateur de taille pour expliquer que la mayonnaise avait du mal à prendre. « Au référendum du mois d’août comme aux législatives d’octobre, au-delà des chiffres officiels, tout indique que les militaires – qui votaient un jour avant les civils – se sont abstenus aussi massivement que les autres Nigériens ». Citant le Front de Défense de la Démocratie, le journal révélait que « seuls 10 % des militaires de Tahoua se sont rendus aux urnes ». Un vrai décor.

Il y avait certes une crise politique qui a éclaté depuis que Tandja a vacillé dans l’ivresse du pouvoir. En modifiant illégalement la constitution pour rester (et mourir ?) au pouvoir. Face à l’opposition des institutions légales et courageuses, (elles ont fait preuve d’un sens républicain et légaliste remarquables, en refusant de se prêter au jeu diabolique du président), celui-ci n’a pas trouvé moins que de démolir les édifices institutionnelles et démocratiques de son pays. Faisant la sourde oreille aux critiques de l’opposition, de la société civile, de l’opinion internationale qui l’ont isolé. Il a dissous le parlement et le conseil constitutionnel. Usant de sa puissance. Dommage pour lui, il sortira de l’histoire par un trou de souris. L’armée a décidé de mettre un terme à cette folie du pouvoir qui a coûté au pays, isolement diplomatique et instabilité politique.

Mais, il ne faut pas être dupe. Il est probable qu’une puissance - ou que des puissances -étrangères aient manœuvré en faveur de sa chute. Le Niger est trop important pour le laisser sombrer pendant si longtemps dans une crise politique. C’est le troisième producteur mondial d’uranium. Nécessaire à l’industrie nucléaire. Il attise donc des convoitises. Mamadou Tandja a-t-il voulu utiliser l’argument de l’uranium pour faire du chantage aux occidentaux et particulièrement à la France ? Peut-être. En tout cas, si l’on se réfère à la rubrique « CONFIDENTIEL » du très sérieux Jeune Afrique, dans son numéro 2559, même le président français Nicolas Sarkozy, s’inquiétait du virage opéré par Tandja, quelques mois après la signature des accords avec le puissant groupe français Areva. Sarkozy « a reçu récemment un rapport faisant état de la volonté du président nigérien, Mamadou Tandja, que l’on sait diplomatiquement isolé, de nouer des liens privilégiés avec l’Iran, la Chine et la Libye. Un voyage de Tandja à Téhéran est à l’étude. Son éventuelle concrétisation, au vu des intérêts d’Areva dans l’uranium du Niger, préoccupe beaucoup Paris ». Il est vrai, les relations entre la multinationale française et le régime de Tanja n’ont pas toujours été au beau fixe. Au contraire. Le pouvoir de Niamey a même souvent accusé le groupe français de financer la rébellion du MNJ. Le journal La Hache nouvelle, avait même publié des documents bancaires – vrais ou faux ? – tendant à prouver que Areva a viré sur le compte d’un commandant de peloton des forces nigériennes dans le Nord (qui allait rejoindre le MNJ quelques semaines plus tard), une somme de 57 330 702 FCFA (environ 80 000 euros). Rappelons aussi que le gouvernement nigérien a expulsé deux responsables de la compagnie française : Gérard Denamur, responsable chargé de la sécurité à Imouraren, et Dominique Pin, directeur général d’Areva Niger. A méditer. Mais, comment Mamadou Tandja a-t-il seulement songé à pactiser avec les autorités de Téhéran qui subissent les assauts diplomatiques de l’Occident et des Etats-Unis depuis plusieurs années à propos justement de l’enrichissement de l’uranium ?

Quoiqu’il en soit, il sera difficile, quelque soit les forces souterraines qui ont soutenu le coup d’Etat, de ne pas s’en féliciter. Mamadou Tandja a pêché par égoïsme, par orgueil. Il s’est pratiquement mis à dos toute l’opinion nationale et internationale. Il a voulu s’accrocher au pouvoir, envers et contre tous. Une attitude qui accrédite finalement la thèse de ceux qui comme moi pensent qu’il y a des bons coups d’Etat. Oui, je l’ai écrit dans mon blog le 8 Avril 2009 : « Lorsque l'horizon est bouché, lorsque l'alternance est interdite, lorsque la commission électorale ne fait pas consensus, lorsque le régime en place ne pense qu'à se perpétuer, même au prix du sang du peuple, lorsque toute critique est bannie, lorsque les contrepouvoirs sont annihilés, lorsque le peuple n'a plus confiance dans le processus électoral, lorsqu'un dictateur ne veut pas organiser une alternance pacifique, lorsque la constitution d'un pays est chiffonnée et soumise aux humeurs d'un tyran assoiffé du pouvoir, lorsque l'expression du peuple est superbement ignorée, lorsqu'un dictateur n'écoute que la voix de ses aspirations personnelles et jouissives, il faut lui tenir un discours énergique. CELUI DE LA VIOLENCE.
Quand il n'y a plus d'option alternative possible, l'armée doit prendre ses responsabilités. Balayer dans la cour politique pour débarrasser le peuple de celui ou de ceux qui veulent suspendre le destin d'un pays, aux instincts souvent diaboliques des zombies politiques qui ne survivent qu'en se nourrissant de la misère de leurs peuples. En somme, il faut soutenir les militaires qui, comme Jerry Rawlings au Ghana ou Amadou Toumani Touré au Mali, sont inspirés par des idéaux de démocratie et de bonne gouvernance ».

Aujourd’hui, c’est sûr, beaucoup d’africains se sentiront soulagés du départ de ce président qui a contribué à ternir l’image du continent. Avec raison, car au fond, personne n’est indispensable. Tandja aurait quitté le fauteuil présidentiel en Décembre qu’il serait un exemple. Il a choisi de s’accrocher de toutes ses forces. L’armée a rompu les lianes. La chute est forcément douloureuse. Mais ces militaires doivent aussi tirer les leçons de l’histoire. Ils doivent éviter de s’accrocher. Parce que ça peut mal finir.