mercredi 8 avril 2009

Oui, il y a des bons coups d'Etat










L'on assiste depuis quelques temps à des valses de condamnations des coups d'Etat qui ont lieu en Afrique. En Mauritanie, en Guinée Conakry et à Madagascar (il y en a qui considère la prise de pouvoir de Andry Rajoelina comme tel), c'est presque la même litanie : le pays est exclu de telle ou telle organisation inter-étatique.

Sans arrières pensées et sans s'en réferrer au contexte et aux raisons qui peuvent conduire l'armée à prendre le pouvoir dans un pays, on peut afficher un certain optimisme : la condamnation des coups d'Etat par l'Union Africaine augure d'un nouvel espoir quand au respect des institutions démocratiques en Afrique.

Mais en réalité, se satisfaire de ce constat primaire et sommaire est fondamentalement réducteur et très peu pertinent. Il faut d'abord et surtout se rappeler que l'Union Africaine, la CEMAC, la SADC etc sont des clubs de chefs d'Etat, dictateurs pour la plupart, qui poussent parfois le ridicule jusqu'à se réclamer des chantres de la démocratie, alors qu'ils ne se soucient que d'une chose, s'accrocher au pouvoir. Méprisant souverainement les règles d'alternance qui irriguent toute bonne démocratie. L'exercice est facile et confortable d'autant plus qu'il vise à dissuader quelques fantassins qui aurait la trop téméraire ambition de renverser l'un de ces chefs d'Etat. Une condamnation qui, en toile de fond, fortififie les régimes parfois corrompus et sanguinaires qui ne pensent qu'à produire les mécanismes de leurs propres survies.







Jerry Rawlings, putschiste et père de la démocratie ghanéenne

Que l'on soit clair, la condamnation d'un coup d'Etat est en principe raisonnable mais en amont, il faut que les règles du jeu politique des Etats soient tout aussi raisonnables.

Il y a en tout cas sur le continent, des millions d'africains qui comme moi, ont salué l'avènement du putsch perpetré par la junte militaire conduite par Moussa Dadis Camara en Guinée Conakry. Ils sont même, j'en suis convaincu, chaque jour, encore plus nombreux, qui se rallient à la cause des putschistes guinéens dans leur opération d'assainissement de l'administration guinéenne dont on ne cesse de découvrir avec un incroyable dégoût, le degré de putréfaction qu'il avait fini par atteindre sous Lansané Conté.

Il ne s'agit pas de signer en chèque en blanc à la junte. Nous ne sommes pas dupes. Il y a déjà eu dans l'histoire de l'Afrique des militaires qui ont esquissé de tels projets avant de basculer dans la corruption. Mais, l'annonce du capitaine Dadis de ne pas se présenter à la prochaine élection présidentielle est un indice de poids qui préjuge de la bonne foi de la junte qu'il dirige. Les coups de pied de la junte dans la fourmillière guinéenne font incontestablement rêver. Comme Thomas Sankara, à une certaine époque, Moussa Daddis Camara est porteur d'un réel espoir pour son pays. Et ses actes quotidiens le prouvent. Dans un tel contexte, comment ne pas saluer le coup d'Etat qui a porté la junte au pouvoir ? Faut-il se rappeler que même des partis politiques ont soutenu la junte militaire ? De toutes les façons, ce n'est pas le président de l'Assemblée Nationale, Somparé, qui pouvait inspirer confiance. Après avoir servi servilement le pouvoir catastrophique de Lansané Conté, il faut dire que le caractère forclos de son mandat (depuis 2007) suffisait à l'écarter du tournant politique historique que s'apprêtait à prendre la Guinée Conakry.

UN COUP D'ETAT PAR L'ARMEE (institution républicaine) DEVENAIT ALORS, UN PROCESSUS BEAUCOUP PLUS LEGITIME QU'UNE TRANSITION GEREE PAR UNE ASSEMBLEE NATIONALE ILLEGITIME ET FORCLOSE. Un exemple!


Je l'affirme donc, il y a des bons coups d'Etat. Lorsque l'horizon est bouché, lorsque l'alternance est interdite, lorsque la commission électorale ne fait pas consensus, lorsque le régime en place ne pense qu'à se perpétuer, même au prix du sang du peuple, lorsque toute critique est bannie, lorsque les contrepouvoirs sont annihilés, lorsque le peuple n'a plus confiance dans le processus électoral, lorsqu'un dictateur ne veut pas organiser une alternance pacifique, lorsque la constitution d'un pays est chiffonnée et soumise aux humeurs d'un tyran assoifé du pouvoir, lorsque l'expression du peuple est superbement ingorée, lorsqu'un dictateur n'écoute que la voix de ses aspirations personnelles et jouissives, il faut lui tenir un discours énergique.
















Thomas Sankara reste le symbole vivant d'une armée libératrice

Quand il n'y a plus d'option alternative possible, l'armée doit prendre ses responsabilités. Balayer dans la cour politique pour débarasser le peuple de celui ou de ceux qui veulent suspendre le destin d'un pays, aux instincts souvent diaboliques des zombies politiques qui ne survivent qu'en se nourrissant de la misère de leurs peuples. En somme, il faut soutenir les militaires qui, comme Jerry Rawlings au Ghana ou Amadou Toumani Touré au Mali, sont inspirés par des idéaux de démocratie et de bonne gouvernance. Parce que, je le dis encore, IL Y A DES BONS COUPS D'ETAT.