mercredi 4 février 2009

Revendication: Les élites de l’Est Cameroun veulent leur université

Ils le font savoir dans un communiqué fait à Bertoua le 21 Janvier 2009.

Paul Biya, Président du Cameroun

Si l’on en croit un communiqué des élites de la Région de l’Est,Les filles et fils de la Région de l'Est-Cameroun exhortent le chef de l’Etat Paul Biya, à créer une Université technologique et minière dans leur Région. Une université qui, indique le communiqué, pourrait avoir une vocation sous-régionale en Afrique centrale. Les élites signataires motivent cette revendication par plusieurs arguments. Elles font remarquer que la Région de l’Est dispose d’un nombre important et d’une diversité des découvertes minières. Elles constatent une intense activité des compagnies minières dans les quatre départements de la Région. Et, relève le communiqué, il existe des clauses contenues dans les différentes conventions liant l'Etat du Cameroun à ces compagnies, clauses relatives aux transferts de technologies, à l'utilisation de la main d'œuvre locale et au développement socio-économique des zones riveraines aux gisements miniers et aux sites d'exploitation. Pourtant, l'impréparation d'une ressource humaine qualifiée dans les métiers de la transformation du bois avant l'exploitation forestière… n'a pas permis la création des industries du bois et le développement de cette Région, demeurée un puisard de matières premières brutes peut-on lire dans le communiqué qui souligne la carence criarde en ressources humaines qualifiées en matières minières. Ainsi que l'urgence de former des personnels hautement qualifiés devant servir dans les industries minières pendant les phases d'exploration, d'installation, d'exploitation et de transformation afin de faire du Cameroun, un véritable pôle d'exploitation, de transformation et d'exportation des produits miniers ainsi que d'autres technologies. Pour elles, il est impératif que chaque camerounais participe activement au développement durable du pays. Ce qui passe nécessairement par une meilleure formation académique et professionnelle. Donc, pour ces élites, le chef de l’Etat et le gouvernement camerounais doivent créer une Université technologique et minière dans la Région de l’Est.

Comme l’Université de Maroua?

Il n’y a certes pas de corrélation directe entre cette sorte de doléance émise par ces « élites » de la Région de l’Est et l’affaire de l’Université de Maroua dont l’école normale supérieure a récemment fait l’actualité à travers une revendication des députés du septentrion qui ont demandé et obtenu un réajustement à la hausse des quotas des candidats à admettre dans cette école. Cette fois-ci, la démarche semble relever de la même logique. Pour rappel, au début des années 1990, précisément lors de la campagne pour la première élection présidentielle multipartite au Cameroun en 1992, l’idée de la création d’un centre universitaire autonome à Maroua trottinait déjà dans les esprits. Le président de la République y était entièrement favorable. Des études avaient d’ailleurs été entreprises. Mais avec l’éclatement de l’Université de Yaoundé en 1993 et la création de six universités d’Etat, les populations de l’Extrême-Nord avaient plutôt été surprises que ce soit Ngaoundéré qui bénéficie d’une université. A Maroua, on avait mal avalé la pilule. Lors de la campagne pour l’élection présidentielle de 1997, Paul Biya revenait sur le sujet dans son discours, comme pour indiquer aux populations de l’Extrême-Nord qu’il ne les avait pas oubliées. Il avait alors parlé des études pour le projet de création… 7 ans après, aucun signal fort. Lors de la campagne présidentielle de 2004, il affirmait : Je crois que Maroua aura son université , justifiant cette décision par « la complicité » [politique] qui existe entre lui et l’Extrême-Nord. La province, considérée comme la plus peuplée du pays, compte au moins six millions d’habitants. Ceux d’entre eux qui sont inscrits sur les listes électorales votent souvent majoritairement pour Paul Biya. Trois ans après, en lieu et place de l’université, le gouvernement proposait l’Ecole normale supérieure de Maroua. L’offre ne fût pas bien accueillie au sein de l’élite de l’Extrême-Nord. En attendant donc l’université, le gouvernement décide finalement de lancer l’école normale supérieure. Là encore, le « Grand Nord » réclame 60 %. Elle obtient mieux, 100% ! Guettant ensuite impatiemment le lancement de son université.

L’affaire de l’université de Maroua semble avoir fait tâche d’huile. Pour les élites d’autres Régions du pays qui entendent faire pareil. A commencer par les fameuses élites de l’Est. Et d’autres sans doute qui produiront des mémorandums allant dans le même sens.