mercredi 25 novembre 2009

Marafa Hamidou Yaya: Un pétrolier dans les arcanes du pouvoir


Ingénieur en pétrochimie diplômé aux USA, il siège sans discontinuer au gouvernement depuis 17 ans



"Habilité politique". Alain Blaise Batongué, journaliste et scrutateur politique camerounais, n'avait pas hésité à flanquer cette qualité à l'actuel ministre d'Etat, chargé de l'administration territoriale et de la décentralisation. C'est sûr, sa personnalité inspire de la curiosité et de la fascination. Au point que des rumeurs incontrôlées et tenaces circulent à son sujet. Entre les histoires de mœurs, ses prétentions présidentielles présumées, ses entrées supposées au sein de la rédaction du magazine Jeune Afrique, son poids politique dans le grand Nord et ses accointances supposées avec les autorités françaises actuelles ( Selon le magazine panafricain Africa International, il avait organisé une cérémonie discrète pour fêter la victoire de Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle), sa fortune et ses biens immobiliers font parfois les choux gras de la presse. Tout comme ses actes de gestion au sein du gouvernement et même au-delà.

Né en 1952, Marafa Hamidou Yaya obtient une Licence en Géologie à l'Université de Yaoundé en 1976. Il s'envole en direction des Etats-Unis à la suite d'un concours lancé par l'African-American Institute (AAI). Titulaire d'un masters of science in petrolum engineering à l'université du Kensas, son université va lui confier parallèlement, de 1978 à 1980, un poste d'assistant de recherche qu'il mettra à profit, à l'université de Yaoundé I, à son retour au Cameroun. Recruté comme Ingénieur de pétrole à Elf Serepca de Mai à Septembre 1980, il devient chef de département "exploitation-production" à la société Nationale des Hydrocarbures (SNH) du Cameroun. Il y exerce aussi comme conseiller technique entre 1990 et 1992.


Issu de l’aristocratie peule de Garoua (Nord), "aussi fin que discret", Marafa Hamidou Yaya, n'entrera véritablement en politique qu'au début des années 1990. Il aurait été remarqué par Ebénézer Njoh Mouelle, alors conseiller à la présidence de la République. Nommé chargé de mission de la délégation Rpdc aux législatives de 1992, il devient membre titulaire du comité central dès juillet de la même année. Il aurait même participé à la rédaction de la partie technique du programme du président Paul Biya aux élections présidentielles d'Octobre 1992. Quatre ans plus tard, il devient membre du bureau politique du parti au pouvoir. Son entrée en politique lui ouvre les portes du gouvernement qu'il n'a plus quitté depuis 17 ans. Dans le gouvernement du 27 Novembre 1992, il est nommé secrétaire d'Etat N°2 aux Finances. 2 ans seulement après, il est promu conseiller spécial à la présidence de la République. Au lendemain de l'élection présidentielle, le président Paul Biya le nomme secrétaire général de la présidence de la République. Il bat un record de longévité à ce poste en y passant presque 4 ans. Un poste où la moyenne de longévité se situe autour d'un an et demi. Ministre d'Etat depuis 2001, Marafa Hamidou Yaya s'occupe actuellement de l'administration territoriale et de la décentralisation. Le ministère de l'Intérieur. Un poste stratégique qui l'a souvent mis sous le feu des projecteurs. Notamment après les émeutes de Février 2008 où il accuse John Fru Ndi, leader du Social Democratic Front (SDF), principal parti d'opposition, d'avoir commandité une "opération Kenya". La presse s'en délecte et fustige à la fois. Tout comme du procès que va lui intenter l'accusé, John Fru Ndi.

Président de la commission nationale du Hadj, Marafa Hamidou Yaya est parfois mis à mal dans la presse pour sa gestion des voyages des musulmans et pèlerins camerounais à destination de la Mecque. Toutefois, on peut lui reconnaître un courage et une certaine audace dans ses initiatives. Il a par exemple décidé, quitte à provoquer le courroux de ses camarades du parti au pouvoir, d'obliger les maires à résider dans les communes qu'ils dirigent. Conformément à la loi selon laquelle «nul ne peut être candidat aux élections municipales s’il ne réside effectivement sur le territoire de la commune concernée».

 

Son ancrage politique dans le Nord du pays fait aussi débat.Il a réussi à conforter sa position de leader politique du nord du pays face à la puissante famille Hayatou, qui règne sur le lamidat (chefferie traditionnelle) de Garoua pensent certains. Son envergure politique dans cette région, de laquelle est issue le premier président camerounais, Ahmadou Ahidjo, ne semble pas du goût de tout le monde. Certains ont même vu dans la nomination de Issa Tchiroma Bakary, originaire de la même ère géographique que lui et actuel ministre de la communication, une subtile manœuvre visant grignoter son prestige politique.

Cet ancien enseignant d’hydrologie à la faculté de sciences de l’université de Yaoundé serait peut-être mort, il y a 25 ans. Il avait été interpellé lors de la vague d'arrestations ayant frappé certains ressortissants du septentrion du Cameroun, au lendemain du coup d'Etat manqué du 6 Avril 1984 contre Paul Biya. Il aurait eu la vie sauve grâce à son épouse Jeannette Njanga, Cette nuit-là, Marafa Hamidou Yaya fut extrait du camion à la suite d’une supplique de sa jeune épouse... Le camion était en partance pour Mbalmayo quelques jours après le putsch manqué du 6 avril 1984 pour des exécutions sommaires des mutins et leurs complices. C’est Gilbert Andzé Tsoungi de regrettée mémoire, alors ministre des Forces armées, sensible à la supplique de la jeune dame qui aurait pris la décision de faire descendre du camion celui que ses camarades ont connu aux Etats-Unis comme l’étudiant Hamidou Yaya raconte une source.

Aujourd'hui, l'épisode est dans le rétroviseur et Marafa n'est plus un homme à abattre. Du moins, officiellement. Une chose est sûre : c'est sans conteste l'un des poids lourds du gouvernement et du parti au pouvoir. Rêve t-il d'un destin national plus imposant que celui qu'il a connu jusqu'ici ? A la résidence de l'ambassadrice des Etats-Unis au Cameroun, lors de l'investiture de Barack Obama, alors qu'il regardait passionnément le charismatique président prêter serment, à quoi pensait-il ? Il n'a jamais déclaré publiquement qu'il rêvait du fauteuil suprême même si certains observateurs s'accordent à le penser. Quoiqu'il en soit, il faudra compter avec lui le moment venu. Car, même s'il n'est pas " le successeur présomptif des français" après Paul Biya, il pèse d'un certain poids et son carnet d'adresses national et international pourrait être décisif. Un atout pour un homme qui a été secrétaire général de la présidence de la République, ministre pendant près de deux décennies et qui a flirté avec les milieux du pétrole. Où se décide parfois, l'issue des élections en Afrique. Même s'il y en a qui protestent. Comme le gabonais Bruno Ben Mubamba qui a décidé de manifester devant le siège de la compagnie pétrolière TOTAL en France parce qu'elle aurait imposé Ali Bongo à la tête du Gabon. Just wait and see.

lundi 23 novembre 2009

Béac: Alexandre Barro Chambrier, futur gouverneur ?


Le profil de ce gabonais et sa récente visite au Cameroun indiquent qu’il est visiblement le candidat officiel de son pays.



De tous les signaux diplomatiques émis ces derniers temps dans la sous région Afrique Centrale, rien n’indique que le consensus de Fort Lamy sera remis en cause lors du prochain sommet des chefs d’Etat de la Cemac. Ce qui revient à dire que le poste de gouverneur de la banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) devrait revenir à un gabonais. Dans cette perspective, une personnalité semble émerger pour assumer la charge : Alexandre Barro Chambrier. Le profil de ce gabonais et sa récente visite au Cameroun indiquent qu’il est visiblement le candidat officiel de son pays. Il pourrait être adoubé par les autres présidents de la Cemac.

Son arrivée à Yaoundé, le 12 novembre 2009 était presque passée inaperçu. Arrivé aux côtés Paul Toungui, ministre gabonais des Affaires étrangères, « envoyé spécial » du Président Ali Bongo Ondimba, il avait été reçu en audience par le premier ministre camerounais Philémon Yang. Pendant une trentaine de minutes. Le ministre Paul Toungui, au sortir de l’audience avait expliqué à la presse : « J’ai été mandaté par le président de la République gabonaise, Son Excellence Ali Bongo Ondimba, pour remettre un message au président de la République du Cameroun, Son Excellence Paul Biya. Ce message d’un chef d’Etat à un autre concerne la préparation du prochain sommet de la Cemac qui aura lieu à Bangui le 30 novembre ». Le prochain sommet de la cemac ? Les scrutateurs de la scène diplomatique sous-régionale s’accordent justement à reconnaître que c’est à cette occasion que sera désigné le remplacement de l’actuel gouverneur de la Beac, Philibert Andzembe, éclaboussé par un vaste scandale financier de 19 milliards de francs cfa au sein de l’institution. Le 28 Octobre 2009, le conseil des ministres de l’Union monétaire de l’Afrique Centrale (UMAC) suggérait déjà que, pour des raisons de nécessité de service, Philibert Andzembe devait rejoindre son poste à Yaoundé, jusqu’à son remplacement effectif lors de la conférence des chefs d’Etat de la Cemac prévue en novembre à Bangui, en Centrafrique, en marge du sommet de la Cemac. Il n’y a donc pas de doute, c’est lors de ce sommet que sera connu le nom du successeur de Philibert Andzémbé.

Economiste rompu


Ancien expert au Fonds Monétaire International (FMI) et actuel député à l’assemblée nationale gabonaise, Hugues Alexandre Barro Chambrier a le profil de l’emploi. Il a flirté avec les milieux de l’économie nationale et internationale. De 1987 à 1990, il a occupé successivement les responsabilités de Conseiller Économique au Ministère du Commerce et de Secrétaire d’État chargé de la Culture et de la Francophonie au sein du gouvernement de la République gabonaise. De 1990 à 1994, il a assumé les fonctions de Conseiller Économique et Financier du Premier Ministre. Durant la période 1994 – 2002, M. Barro Chambrier a été successivement Administrateur Suppléant, puis Administrateur du Fonds Monétaire International (FMI) à Washington, représentant 24 pays africains. A ce titre, il a contribué à l’élaboration et aux décisions sur les politiques du Fonds dans le domaine de la surveillance et des facilités financières. Agrégé en sciences économiques, il a accompagné de nombreuses missions de négociation des services du FMI et a été amené à ce titre à conseiller les plus hautes autorités de nombreux pays africains. M. Barro Chambrier est titulaire de distinctions honorifiques du Bénin, du Burkina-Faso, du Cameroun, du Gabon, de la Mauritanie, du Niger et du Togo. Après le FMI, il avait rejoint à Washington, l'International Institute for Africa, un organisme privé fondé par l'ancien Premier ministre ivoirien Alassane Ouattara, spécialisé dans le conseil et l'assistance aux gouvernements en matière de relations avec les institutions de Bretton Woods.

En 2005, son nom avait même circulé parmi les potentiels candidats à la tête de la Banque Africaine de Développement (BAD). Avant que le gouvernement gabonais ne porte définitivement son choix sur la personne de Casimir Oyé Mba, ancien gouverneur de la BEAC.
Jouissant d’une solide expérience des circuits financiers internationaux, l’homme devait donc prendre la direction de la banque sous-régionale. Afin d’y imprimer la nécessaire réforme dont elle a besoin. S’il peut compter sur le soutien du Gabon, l’on peut déjà penser que le Cameroun devrait l’adouber. Tout comme le Congo Brazaville, d’autant plus aisément que, selon une information du magazine Jeune Afrique, Helena, son épouse, est la nièce de la première dame du Congo.

Avec 3 poids lourds de l’Afrique Centrale, sa désignation serait alors une formalité.

Lions indomptables : La Méthode Le Guen !


Rien ne laissait présager d’une qualification du Cameroun à son arrivée et pourtant, il a réussi. Regard sur les clés de son succès



C’est donc confirmé. Le Cameroun ne manquera pas la toute première coupe du monde en Afrique. Samuel Eto’o et ses coéquipiers iront au mondial de foot. Après leur brillante victoire face aux lions de l’Atlas à FES où les coups de patte de Achille Webo et Samuel Eto’o ont propulsé les camerounais en Afrique du Sud. Au bout d’un suspens haletant. Les lions indomptables reviennent en effet de loin. De très loin. Dernier de la poule A avec seulement un point avant la rencontre de Libreville, comptant pour la troisième journée, les chances de qualification du Cameroun semblaient compromises. Jusqu’à ce que l’arrivée du sélectionneur français Paul Le Guen ne soulève à nouveau un vent d’espoir.

Héritant d’une équipe minée par des conflits de personnes et par un manque de confiance, Paul Le Guen a dû s’imposer
Premier acte, pour le moins courageux, il a retiré le brassard de capitaine au redoutable Rigobert Song. Envoyant ainsi un signal clair à tous ceux qui se croyaient indispensables : il faudra convaincre pour mériter sa place dans le 11 national. Et, ce n’est plus au 1984 de dicter le choix des joueurs.J’ai simplement voulu changer certaines habitudes et obtenir quelques garanties sur mes conditions de travail pour essayer de mener à bien la mission qui m’a été confiée… faisait-il remarquer dans une interview à l’hebdomadaire Jeune Afrique. Le technicien français confie alors le capitanat au goléador Samuel Eto’o. Il explique cette décision par le fait que, je ne voulais pas repartir sur les mêmes bases, et la nomination de Samuel comme capitaine est un des changements que je veux effectuer. Eto’o est un très grand joueur, une immense star, et j’aimerai qu’il se forge avec le Cameroun un aussi beau palmarès qu’avec Barcelone son ancien club.
 

Il impose ensuite une certaine discipline dans le groupe. Avec les joueurs à Paris le 11 août 2009, il prévient : Il n'y aura pas de passe-droit. Fini donc les escapades nocturnes, les boîtes de nuit d’avant-match, les visites familiales intempestives etc. Quand les joueurs reviennent en Afrique, ils sont souvent sollicités par leurs proches ou des associations caritatives, et cela peut nuire à la préparation (des matches, ndlr). Il ne s’agit pas de tout interdire, mais d’être un peu plus strict confie t-il.

Enfin, Paul Le Guen n’hésite pas à injecter du sang neuf dans la sélection nationale. Des joueurs comme Henri Bedimo Nsamè, latéral gauche de Châteauroux en France et Georges Mandjeck du Fc Kaiserlautern en Allemagne ont pu intégrer la sélection nationale. Il ouvre également la tanière à Benoît Assou Ekotto et lui demande de revenir en sélection. C’est aussi grâce à son concours que Sébastien Bassong va porter la tunique des Lions. Bref, Le Guen veut les meilleurs dans son effectif.
La suite, on la connaît. Victoire en match amical contre l’Autriche, double succès face au Gabon, le Cameroun enchaîne les succès jusqu’à la qualification pour la coupe d’Afrique et du monde. Alliant victoire et prestation de qualité.

S’il semble vouloir continuer l’aventure, en témoigne ses récents propos dans la presse, Le Guen peut déjà se réjouir d’une chose : sa méthode a permis de dompter des lions qui doutaient déjà d’eux-même. Tout un palmarès.

Biaga Chienku Magnus: "La polygamie a forgé ma personnalité"


Journaliste de formation et auteur d’un premier roman, "wisdom of polygamy", il nous en parle dans un entretien exclusif.



Vous faites, avec ce premier roman, votre entrée dans le cercle des écrivains. Qu’est-ce qui vous à poussé à l’écriture?


Mon enfance a été marquée par un contexte polygame assez particulier. J’ai été très affecté par les conflits d'intérêt au sein de ma famille. J ai écrit ce roman pour partager mon expérience avec d’autres personnes.

Vous avez maintenant 35 ans, pourquoi n’avez-vous pas écrit plus tôt?


C est vrai que j’aurai pu écrire plus tôt, mais je n’avais pas assez de temps et d’inspiration. Le fait d’avoir renoué avec les études (de journalisme après un tour dans le monde des affaires, Ndlr) m'a donné l’opportunité et les conditions pour écrire.

Pourquoi ce titre « wisdom of polygamy »?


J’ai choisi ce titre parce que dans la polygamie tout n'est pas toujours mauvais. C’est vrai qu’il y a des conflits d intérêts, la calomnie, la jalousie, et la haine mais, à quelque chose malheur est bon. La polygamie a forgé ma personnalité. La polygamie m’a donné du courage très tôt dans ma vie. J’ai appris à me prendre en charge et à lutter pour me faire entendre et respecter. Honnêtement, si je n'étais pas d'une famille polygame je ne serai peut-être pas l’Homme que je suis aujourd'hui. Ma vie au quotidien dans un foyer polygame était une école de sagesse (wisdom). C’est ce qui justifie le choix de wisdom of polygamy.
 

Pouvez-vous nous résumer l’histoire que vous racontez dans ce roman?


C'est l’histoire d'un petit garçon très précoce et parfois mal compris par son entourage. Un enfant né après une longue attente de 5 ans par sa mère au grand plaisir de sa rivale. Je décris l’ambiance qui règne au quotidien dans notre famille. J’insiste sur les intrigues de la calomnie et la jalousie de mes mères. Mon père, faible de caractère, qui essaie tant bien que mal de faire régner de l’ordre, la paix, et l’harmonie dans sa maison. Mon père, intellectuel qu’il était, essaye de donner la meilleure éducation possible à ses enfants. En fait, mon roman est une sorte de photographie des réalités qui prévalent dans les foyers polygame dans nos sociétés.

En général, les premiers romans des écrivains reflètent un peu leurs propres vies. « Wisdom of polygamy » est-il donc strictement votre histoire personnelle?


Oui, c’est une réminiscence de mon enfance, une forme d’autobiographie.

Certains couples polygames s’en sortent très bien. Est-ce que ce n’est pas par égoïsme de certains époux ou épouses que les problèmes se posent dans les foyers polygames?


En effet, dans la polygamie le père est plus considéré comme une vache à lait par ses épouses. Les femmes se préoccupent plus de leurs enfants au détriment du père. Je prends l’exemple de mes mères qui faisaient tout pour tirer le maximum de ressources de mon père pour positionner autant que possible leurs enfants respectifs. Ce n est pas une question d'égoïsme mais, une question de réalisme parce qu’il y a toujours la peur des femmes de voir leur mari prendre une autre épouse. Ce qui diminuera d’avantage les ressources dont elles peuvent bénéficier. Pour être franc c'est « le sauve qui peut ». Elles se focalisent sur leurs enfants sachant que leur bonheur plus tard viendra d’eux.


Vous avez choisi de publier votre roman aux éditions CLE. Qu’est-ce qui justifie ce choix?


J ai choisi CLE premièrement, parce que dans le domaine de l’édition, ils ont fait leurs preuves. C’est la plus ancienne maison sur notre territoire, connue pour son professionnalisme et son sérieux. Deuxièmement, CLE est une maison de DIEU. C’est un centre évangélique et, en tant que enfant de DIEU, je me suis naturellement senti proche de CLE. Notre père nous a inculqué la crainte de DIEU.

La dédicace de votre roman a lieu ce jeudi 12 novembre 2009 à l’hôtel Hilton de Yaoundé. Quelle signification accordez-vous à cette cérémonie?


C'est une cérémonie importante. Vous savez, c’est mon premier livre. C’est l’occasion pour moi de remercier tous ceux qui ont contribué à ce que cette idée prenne forme. C’est aussi l'opportunité de faire connaitre le livre par les médias d’ici et d’ailleurs dans un échange que je veux fraternel.

Votre roman est écrit en anglais. Avez-vous conscience du handicap que cela constitue dans un pays largement francophone comme le Cameroun ? Que comptez-vous faire pour atteindre le lectorat francophone?


Nous sommes conscient de ce fait et l’éditeur a déjà commencé la traduction en langue française. Si tout se passe bien, nous l’aurons avant la fin de l’année.

Où et à quel prix peut-on se procurer votre roman?


Les lecteurs pourront acheter ce livre à la librairie des éditions CLE ou dans d’autres librairies à travers le territoire national. En ce qui concerne le prix, nous avons pris en compte le faible pouvoir d'achat des camerounais. Le livre sera vendu à 2500 Francs CFA.

René AYINA : "Il y aura des prestations gratuites dans les quartiers"


Le promoteur du Festi-bikusti nous parle de son festival qui débute aujourd’hui.



Le festi-bikutsi débute ce lundi. En terme d’organisation, avez-vous le sentiment que ce festival sera meilleur que ceux des éditions précédentes?
C’est un souhait. Nous pensons quand même que ce sera l’une des meilleures éditions. Nous attendons un public nombreux par rapport à la programmation que nous avons faites. Nous pensons que la programmation est suffisamment alléchante pour que le public trouve son compte. Elle est suffisamment variée et dynamique. Et, je pense que si rien n’arrive entre temps, je crois que le festival sera l’un des meilleurs.

Lorsque l’on est à la 11ème édition d’un festival de notoriété comme le festi-bikusti, on imagine que les difficultés sont moindres…
Nous faisons tout pour les amoindrir. Vous savez bien que ce soit le nerf de la guerre qui manque le plus, nous avons mis des stratégies sur pied pour pouvoir surmonter un certain nombre de choses pour que le festival s’organise. Les éléments nécessaires et indispensables sont déjà réunis. Nous pensons que le festival doit se tenir. Si nous avons pris soin d’annoncer, ça veut dire que nous avions déjà 75 % des éléments qui nous permettent d’organiser le festival. Les problèmes ne manquent pas. Il y a toujours des problèmes mais nous essayons de réduire au maximum la marge des problèmes pour qu’on maximise les énergies qui contribuent à faire réussir le festival.

 

Qu’est-ce qui fera la particularité du festi-bikutsi cette année?
La particularité de cette année, la principale, c’est le déploiement que nous faisons dans les mairies. Nous essayons d’associer les mairies à l’organisation de cet événement qui devient un événement populaire. Nous pensons que les mairies de Yaoundé, tous les maires doivent s’associer à l’organisation de cet événement d’une façon ou d’une autre. C’est pour ça que nous avons choisi d’aller dans 3 mairies cette année pour faire des conférences et des animations publiques avec notre partenaire, notre sponsor, Les Brasseries du Cameroun, qui vont déployer un car podium avec du matériel dessus et des artistes qui vont faire des prestations gratuites dans les quartiers, dans les mairies. A la mairie de Yaoundé 2 à Tsinga, à la mairie de Yaoundé 6 à Biyem Assi et à la mairie de Yaoundé 3 à Nsam

Parmi les vedettes du Bikutsi les plus en vue du moment, il y aura des absents. On parle de Katino, Majoie Ayi, Lady Ponce, Ama Pierrot et autres qui pourraient être absents. Quelles sont les vedettes qui ne pourront pas être là et pour quelles raisons?
Ceux que vous avez cité effectivement seront absents. S’ils réussissent à se libérer de leurs occupations, peut-être qu’ils pourraient être là mais, nous nous préférons dire la vérité au public qui nous accompagne dans ce festival. Nous préférons leur dire que ces personnes ont des programmes surchargés. Et, il peut se trouver qu’elles ne puissent pas être là. Ceux qui nous feront la surprise de rentrer avant le temps, nous pensons que nous allons les intégrer parce qu’ils avaient déjà été programmés. Maintenant, leur calendrier des spectacles à l’extérieur du Cameroun a fait qu’ils ne puissent pas être là à cette période là parce que vous savez aussi que, c’est important que les artistes se frottent aux réalités internationales et c’est d’ailleurs pour cela que nous travaillons. Donc, nous les encourageons à continuer parce que nous voulons que nos artistes aient des spectacles compétitifs. C’est pour ça que ça ne nous gêne pas qu’ils ne soient pas là. Ils sont de tout cœur avec nous. Si jamais ils ont la possibilité de revenir fêter avec nous, ils seront là.

L’un des reproches que l’on fait généralement aux chanteurs de Bikutsi, c’est qu’ils délivrent des messages aux relents sexuels et parfois pornographiques. Que fait votre festival pour corriger cette perception négative du Bikutsi?
Non, je crois que ce discours a changé depuis longtemps. Ce que nous faisons en réalité, c’est que nous essayons de faire des efforts pour faire comprendre aux jeunes artistes qui arrivent que ce n’est pas la voie du salut que de chanter des insanités. Maintenant vous voyez bien que des artistes comme Aïjo Mamadou, comme Bisso Solo, comme Tonton Ebogo j’en citerai davantage, ont un discours qui est tout à fait particulier. Ils ont des textes intéressants et c’est eux que nous essayons d’encourager parce que, lorsque le festival a commencé à se tenir, il y avait déjà ce problème là. Nous avons essayé de le contourner et aujourd’hui, je pense que nous sommes sur une bonne voie. Le discours a changé, les textes sont éducatifs, les mélodies sont attrayantes. Je crois que l’orchestration suit avec. Donc, c’est ce que nous essayons de faire. Juste de les orienter pour que ça se passe bien.


 

Le camp Sonel Essos est le site du festival mais vous dites qu’il y aura des caravanes dans les mairies. Concrètement, comment cela va-t-il se passer?
Clairement, ça va se passer comme suit : Lundi, Mardi et Mercredi, les spectacles sont gratuits dans les mairies que nous avons cité plus haut. A partir de 16 heures parce que nous commençons avec une conférence-débat et, nous enchaînons avec les spectacles. Les spectacles populaires sont gratuits pour que nous nous rapprochions davantage du public. Et, nous rentrons au site du camp Aes Sonel pour faire la cérémonie d’ouverture de ce festival le jeudi. Dès qu’on fait la cérémonie d’ouverture, les spectacles s’enchaînent jusqu’à samedi sans arrêt. Donc, les spectacles commencent au camp sonel le Jeudi 12 jusqu’au samedi 14.

Dans une récente interview, vous avez indiqué que le cachet des artistes est fixé à 50 000 francs par soirée. A l’heure qu’il est, est-ce que vous avez déjà réuni toutes les assurances qu’aucun des artistes ne va se plaindre à la fin du festival?
C'est des choses que nous avons réglé depuis longtemps. Les artistes le savent. Nous n’avons pas de sponsors réels. Nous n’avons pas un appui financier consistant. C’est pour cela que nous préférons nous entendre avec les artistes pour que ce genre de problème ne se pose pas. Je crois que depuis 3 ans pratiquement, nous n’avons pas ce genre de problème. Les artistes ne se plaignent pas au festi-bikutsi parce que, c’est leur festival. Ce n’est pas un festival qu’on organise…C’est pour faire la promotion de la culture. C’est eux même qui ont choisi. Et je crois qu’ils nous accompagnent…Et, c’est pour cela que annonçons clairement à tout le monde que c’est 50 000 francs. 50 000 francs, ce n’est pas un cachet, c’est une prime de participation. Donc, le jour où nous avons un sponsor qui prend en charge un certain nombre de dépenses, nous payons les cachets considérables.

Donc, vous n’avez pas de sponsors…
Oui, pour le moment nous n’avons pas de sponsors. Nous avons des personnes qui nous accompagnent, des partenaires, mais pour le moment nous n’avons pas de sponsors réels. Mais je crois que ça ne va pas tarder parce que, les Brasseries du Cameroun nous accompagnent depuis un temps. Je crois qu'à un moment donné, ils vont comprendre que nous avons une organisation sérieuse et qu’il faille qu’ils associent l’image des Brasseries à ce festival qui est un festival qui bouge et qui fait parler de lui.

Dernière question, vous avez sans doute des ambitions pour ce festival dans l’avenir. Est-ce que vous pouvez nous en parler?
Les ambitions, c’est d’ouvrir le festival à l’international puisque c’est un festival que nous avons choisi de restructurer. Dans la phase de restructuration, nous avons été obligé d’arrêter d’inviter les artistes qu viennent de l’extérieur qui nous coûtent chers en termes de billets d’avion, en termes d’hébergement, en termes de restauration, de transport. C’est des choses…parfois on pense que ce sont des choses négligeables mais en fait, ce n’est pas négligeable. Il faut des assurances pour qu’un artiste parte de là où il est pour qu’il vienne. Et puis, il faut qu’on l’ouvre à l’Afrique Centrale. Puisque nous parlons des musiques bantoues. Les musiques bantoues ne se trouvent pas seulement au Cameroun Elles s’étendent sur une bonne partie de l’Afrique. Nous allons donner une ouverture aux artistes de la diaspora qui ont quelque chose de plus à nous apporter par rapport à leurs expériences, par rapport à leurs carrières. Donc, c’est un peu ça. Et puis, aujourd’hui, nous nous attardons sur l’aspect festif de ce festival. Je crois qu’il y a un domaine recherche qui est important. Je crois que dans l’avenir, nous pouvons faire des recherches pour qu’on identifie tous les rythmes qui s’associent au bikutsi.