vendredi 12 décembre 2008

Séverin Cécile Abéga s’intéresse à la hache des chimpanzés

L’auteur des Bimanes s'intéresse à l'univers des animaux!




Dans un contexte où l’action néfaste des hommes dans les forêts africaines ne fait plus l’ombre d’un doute, il est peut-être bon d’analyser le phénomène en se situant dans la posture des animaux.

Mbia, le héros de l’histoire, possède une hache avec laquelle il coupe de plus en plus les arbres pour agrandir sa plantation. Se soucie t-il seulement du fait qu’il contribue à cantonner les animaux de la forêt dans un territoire qui se réduit au jour le jour? Lorsqu’il est sévèrement battu par les chimpanzés, Mbia se fait chiper sa hache. Pour la retrouver, il est obligé de se transformer en chimpanzé. L’on découvre alors là, sous la plume de l’anthropologue qu’est Sévérin Cécile Abéga, le mode de vie des Chimpanzés qui, tend à démontrer l’auteur, seraient les cousins des hommes. Dieu avait deux femmes raconte t-il, inspiré par les contes Beti du Sud du Cameroun : la mère des hommes et la mère des chimpanzés. A partir de cette image mythique, l’écrivain établit la filiation entre l’Homme et le Chimpanzé.

L’une des spécificités du livre, c’est qu’elle est jalonnée de contes et légendes Betis. Un abondant lexique Beti marque d’ailleurs le livre d’une emprunte particulière. Un lexique expliqué au lecteur en appendice de l’histoire. Lorsque Mbia le héros parvient à reprendre, par la ruse, sa hache et devient à nouveau un homme, il revient au village avec l’idée de continuer à couper des arbres et à faire reculer la forêt. Sauf que les chimpanzés n’entendent plus le laisser conquérir leur territoire: la forêt. Vers la fin de l’ouvrage, Séverin Cécile Abéga offre au lecteur une scène qui porte tout son sens. Des chimpanzés quadrillent le Village et ne laissent plus les hommes mener leurs activités. Si vous voyez la forêt venir au village, c’est parce qu’il n’y a plus de limite entre la forêt et le village fait dire l’auteur à l’un des personnages de l‘histoire. Une leçon en somme pour appeler les hommes au respect des forêts et de la nature qui ont aussi droit à une certaine dignité. Un véritable enseignement de sagesse sur le comportement des êtres humains vis-à-vis des animaux et de leurs semblables.
L’ouvrage de 98 pages est simple et facile à lire. Les multiples contes invraisemblables les uns comme les autres ne permet même au lecteur de quitter un seul instant le livre une fois qu’il l’a commencé. Tiré des contes Manguissa, l’histoire transporte les messages suivants : sans le feu et l’outil, l’homme redevient un animal, l’homme est parenté aux Chimpanzés, la solidarité écologique de tous les êtres vivants, l’amour et le respect de la vie. Elle vise à convaincre l’homme du fait qu’il dépend de la nature et qu’il doit en user avec modération et la protéger. C’est donc sous la casquette de défenseur de l’environnement que l’on découvre Séverin Cécile Abéga dans cet ouvrage.

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