vendredi 12 décembre 2008

Cameroun : le gouvernement interdit les manifestations contre la révision constitutionnelle.

Faï Yengo Francis, gouverneur de la province du Littoral, a signé le 18 Janvier dernier une décision interdisant tout mouvement de foule dans son territoire de commandement dans un contexte de recrudescence des mouvements d’opposition à l’initiative annoncée par Paul Biya de réexaminer certaines dispositions de la constitution camerounaise. Une révsion qui lui permettrait de briguer un troisième mandat.


Le 5 Janvier 2008, le Social Democratic Front (SDF) avait organisé à Douala une réunion suivie d’une marche fleurie de slogans hostiles au régime Biya. Sur certaines banderoles on pouvait lire : « Paul Biya must go » c’est-à-dire « Paul Biya doit partir ». Le mouvement a été suivi par un autre à l’appel de Mboua Massok, un autre leader de l’opposition, le 12 Janvier 2008. Alors même que la marche s’annonçait pacifique comme celle du SDF intervenue une semaine plus tôt, des soldats sont intervenus pour la stopper. Mboua Massok fut arrêté et interrogé pendant sept heures.

C’est dans ce contexte que le gouverneur a décidé d’interdire désormais tous les mouvements qui seraient de nature à « troubler l’ordre public ». L’article premier de cet arrêté énonce : « Est et demeure interdit, jusqu’à nouvel ordre, toute manifestation publique et particulièrement les marches sur la voie publique dans toute l’étendue de la province du Littoral ». L’article 2 est encore plus explicite : « Tout contrevenant quel qu’il soit, s’expose aux sanctions prévues par la réglementation en vigueur. » La réaction de l’opposition ne s’est pas fait attendre : Jean Michel Nitcheu, député du SDF qui a organisé la marche du 5 janvier a déclaré : « Ce monsieur se trompe d’époque. Interdire une manifestation doit être une décision exceptionnelle et non la règle du jeu démocratique. Nous allons poursuivre notre plan d’action comme prévu ». Pour Sam Mbaka, un militant de l’Union des Populations du Cameroun(UDC), parti d’opposition, « C’est une aberration, un recul regrettable. D’autant plus que cet acte intervient à un moment où les partis politiques notamment sont en train de s’organiser pour battre campagne contre la modification de la constitution ». Anicet Ekanè, un autre leader de l’opposition affirme pour sa part : « Nous allons mener une action coordonnée avec les autres forces politiques qui ne vont certainement pas apprécier la décision du gouverneur. Surtout, je pense attaquer cette décision en justice ».

Des partis d’opposition et certaines organisations de la société civile ont annoncé qu’elles passeraient outre la décision du gouverneur si cela s’avèrait nécessaire. Joe La Conscience, un artiste camerounais prévoit une marche imminente – en compagnie de ses fans - de plus de trois cent kilomètres partant de la province du Littoral justement, pour Yaoundé, le siège des institutions politiques afin de dire "non" à l’intention annoncée de Paul Biya de « s’éterniser au pouvoir ». Pour lui, la décision du gouverneur « tend à montrer une fois de plus que le gouvernement du Cameroun ne se maintient au pouvoir que par l’oppression ». L’opposition se dit d’autant plus choquée que la durée de cette interdiction n’est pas limitée. Faï Yengo Francis qui s’est exprimé récemment dans la presse a fait savoir qu’il lèverait la mesure « si les gens sont disciplinés ».

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