vendredi 12 décembre 2008

Filière maïs : Remise en cause de la gestion des subventions étatiques

C’est ce qu’on peut retenir des conclusions des travaux effectués par l’association citoyenne de défense des intérêts collectifs.

Programmée à 14 heures au Hilton Hôtel de Yaoundé, la conférence de presse de l’association citoyenne de défense des intérêts collectifs (Acdic) a été déprogrammée. A cause d’une interdiction du sous-préfet de Yaoundé 3, Locko Motassi Martin. Dans sa lettre de notification du 1er Décembre 2008, ledit sous-préfet signifiait à Njonga Bernard, président de l’Acdic, que ses déclarations « ne respectent pas la lettre de la loi du N°90/55 du 19 Décembre 1990 portant régime des réunions et des manifestations publiques ». Une raison beaucoup plus politique sous-tendait pourtant cette interdiction. La preuve, le sous-préfet conseillait au président de l’Acdic d’adresser en priorité « et avant toute autre démarche » les résultats « si avérés de votre étude » à Monsieur le vice-premier ministre, ministre de l’Agriculture et du Développement Rural « dont les agents semblent incriminés ». Une intention avouée d’étouffer la médiatisation de ces travaux qui épinglent singulièrement le Minader. C’était sans compter avec la détermination de Bernard Njonga qui a invité les journalistes au siège de l’Acdic pour ladite conférence de presse qui s’est finalement tenue au Lions Club de Yaoundé.


Détournements massifs des subventions
D’après l’Acdic, le Minader a perçu près de 2 milliards de Francs Cfa entre 2006 et 2008 à titre de subventions directes pour redynamiser la filière maïs. Mais le constat fait sur le terrain est troublant. Sur les 1454 groupements d’intérêt communautaire (GIC) recensés en 2008 et bénéficiant de la subvention de l’Etat, 92% n’ont pas d’existence légale et 58% n’ont aucun champ de maïs. L’Acdic relève quatre modes de détournements des fonds affectés aux subventions dans la filière maïs. Sur la liste officielle des Gics dressé par le Minader, il existe des Gics fictifs qui reçoivent pourtant des subventions de l’Etat. L’Acdic note aussi qu’il existe des Gics réels qui ne reçoivent pas les montants de subventions indiqués par le Minader ou n’en reçoivent rien. Le dernier mode de détournement déclaré par l’Acdic consiste à faire décharger aux agriculteurs, du matériel qu’ils ne reçoivent pas. Du matériel qui prend souvent des destinations surprenantes. En 2006, dévoile l’Acdic, 60 tracteurs indiens ont été offerts au gouvernement camerounais. Seuls 5 de ses 60 tracteurs sont parvenus à des Gics investissant dans la filière maïs. Les autres ayant été affectés à des « ministres et assimilés », à des « hauts responsables militaires » et à d’autres fonctionnaires camerounais. Une situation jugée « inacceptable » par Bernard Njonga.
Ces travaux de l’Acdic surviennent moins d’un an après les émeutes de la faim survenus au mois de Février 2008. Le Cameroun affecté par la crise alimentaire doit pourtant produire, à en croire l’Acdic, 120 000 tonnes de maïs de plus en 2009 « sinon le Cameroun connaîtra sa plus grande crise alimentaire » prévient Bernard Njonga.

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