mercredi 14 janvier 2009

Fermeture du cinéma Abbia: Catastrophe du 7ème art au Cameroun

Le glas des salles de cinéma est en train de sonner. Révélant au grand jour l’un des problèmes majeurs du cinéma au Cameroun

Façade principale du cinéma Abbia à Yaoundé

Le cinéma Abbia a été scellé hier. "Pour cause de loyers impayés" a t-on appris auprès de certaines indiscrétions. Le directeur de cette salle de cinéma, M. Fotso se trouverait actuellement hors de la ville. Mais, son retour ne devrait rien changer à la situation. Le cinéma Abbia ayant subi de plein fouet une crise qui couve depuis l’avènement des technologies de l’information et de la communication.
Les habitués du cinéma Abbia le savent. Cette salle ne faisait plus courir les foules. Même pendant les Ecrans Noirs, moment intense de célébration de créativité et de l’excellence cinématographiques. Les raisons de cette déchéance sont pourtant connues. Les « avant-premières » n’ont plus leur sens. Il est devenu facile de télécharger des films sur Internet et de les visionner avant qu’elles ne soient même diffuser en « avant-première ». En outre, les cinéphiles se plaignent de la cherté des tickets d’accès dans les salles de cinéma. Il faut parfois débourser entre 1500 et 2500 Francs Cfa pour regarder certains films. Ce qui n’est pas vraiment coûteux mais, la propagation des disques vidéos n’a pas facilité les choses. Dans les marchés, le cinéphile peut facilement se procurer un VCD (Vidéo Compact Disc) à 1000 Francs et un DVD (Digital Vidéo Disc) à 1500 Francs.

Dans un tel contexte, aller dans une salle de cinéma n’a plus toute son importance. En outre, l'avènement des chaînes de télévision étrangères à travers le câble offre désormais la possibilité aux cinéphiles d’avoir, sans se déplacer, les meilleures sorties françaises, américaines et même africaines. Il devient donc très accessoire aux cinéphiles les plus enjouées de se rendre dans les salles de cinéma.

Mais si la responsabilité de cette situation incombe à la fois, aux pirates qui bradent les productions cinématographiques, aux nouvelles technologies qui font concurrence aux canaux traditionnels de diffusion des œuvres cinématographiques. Il convient aussi aux autres acteurs de prendre leur responsabilité pour éviter la mort du cinéma. D’abord aux opérateurs du secteur à qui, il revient de formuler des stratégies innovantes, susceptibles d’attirer les foules. Il revient aussi au public d’aider à l’évolution du cinéma en se rendant dans les salles de spectacle. Il revient enfin aux autorités en charge de la culture de subventionner ce secteur pour l’aider à survivre aux mutations de notre siècle. L’urgence d’une telle mobilisation est non seulement évidente, mais elle devient urgente. Il y a tant de personnes concernées par la production et la diffusion cinématographiques que sa disparition pourrait affecter.

En attendant, on constate simplement que Yaoundé vient de perdre sa dernière salle de cinéma alors que le 7ème art se porte de plus en plus mal au Cameroun.

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