jeudi 5 février 2009

Droits de l’homme: Le gouvernement du Cameroun répond à Amnesty



Le ministre de la Justice a diffusé un communiqué qui revient sur le rapport de Amnesty International


Le gouvernement procède lui-même depuis plusieurs années à une évaluation sans complaisance de son propre dispositif de promotion et de protection des droits de l’homme, donnant lieu à la publication d’un rapport annuel sur l’état des droits de l’homme, à l’élaboration duquel participent activement les organisations les plus représentatives de la société civile.
Amadou Ali, ministre de la Justice


Ce n’est pas souvent qu’on entend le ministre Amadou Ali se répandre dans les médias. Même par voie de communiqué. C’est dire si le rapport de l’Organisation Non Gouvernementale (Ong) Amnesty International a provoqué des insomnies dans le sérail. Mardi 3 Février 2008, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Amadou Ali, a publié un communiqué pour apporter certaines clarifications du gouvernement par rapport à la situation des droits de l’homme au Cameroun. Quelques jours après la sortie du rapport annuel de Amnesty International qui a dressé un bilan catastrophique sur l’Etat des Droits de l’Homme au Cameroun. Sans contester fondamentalement le rapport de Amnesty International, le gouvernement camerounais s’est plutôt agrippé sur un détail pour le moins mineur : le refus de l’Etat du Cameroun d’accueillir les représentants de l’Ong. Le ministre Amadou Ali écrit : « le gouvernement tient à préciser – s’agissant de la visite des représentants de Amnesty International au Cameroun – qu’un accord leur a été notifié par lettre du 3 Août 2007. La visite n’a pu avoir lieu le 27 Octobre 2007 du fait de l’indisponibilité d’un de ses délégués prétendument endeuillé. Il appartenait dès lors à ladite organisation de formuler une nouvelle demande avec de nouvelles propositions de dates ». Au passage, le gouvernement marque sa surprise « face à cette évolution autant inattendue qu’injustifiée ».
Malgré la colère du gouvernement que l’on peut lire entre les lignes - il qualifie de prétendu, le deuil d’un délégué de Amnesty International – le gouvernement « réaffirme néanmoins son entière disponibilité à répondre favorablement à toute sollicitation visant le respect des droits de l’homme ainsi que l’amélioration de la gouvernance, valeurs auxquelles notre pays est tout entier attaché. »

Le gouvernement brandit ses efforts

Le ministre de la justice ne s’arrête pas aux récriminations contre l’Ong. Il avance quelques efforts faits dans le sens la promotion et la protection des droits de l’homme qui constituent « l’un des axes majeurs de l’action gouvernementale ». Selon le ministre de la justice, le gouvernement procède lui-même depuis quelques années à une évaluation « sans complaisance » de son propre dispositif de promotion des droits de l’homme. Une évaluation qui donne lieu à la publication d’un rapport annuel sur l’état des droits de l’homme au Cameroun. Evaluation à laquelle participent « activement » les organisations « les plus représentatives de la société civile ». Le ministre révèle que cette évaluation a traité de nombreux cas qui ont débouché « sur des sanctions régulièrement rendues publiques par voie de presse ».

Le gouvernement tient à préciser – s’agissant de la visite des représentants de Amnesty International au Cameroun – qu’un accord leur a été notifié par lettre du 3 Août 2007. La visite n’a pu avoir lieu le 27 Octobre 2007 du fait de l’indisponibilité d’un de ses délégués prétendument endeuillé. Il appartenait dès lors à ladite organisation de formuler une nouvelle demande avec de nouvelles propositions de dates.
Amadou Ali, ministre de la Justice



Pour rappel, le Jeudi 29 Janvier dernier, Amnesty International a publié un rapport sur la situation des droits de l’homme au Cameroun. L’Ong y mentionne des homicides d’opposants politiques, les harcèlements des droits de l’homme et des journalistes, les persécutions des personnes présumées homosexuelles, les conditions de détention déplorables, la pratique de la torture, les exécutions extrajudiciaires, le maintien de la peine de mort et bien d’autres sujets etc. Pour ce qui est des multiples violations des droits humains soulignées par l’Ong, elles se rapportent majoritairement aux émeutes du mois de Février 2008 qui a conduit à des jugements expéditifs des émeutiers, les harcèlements des journalistes et plusieurs autres abus. La démarche du ministre, pour autant qu’elle soit justifiée, devrait plutôt se traduire par la sensibilisation des forces de l’ordre qui semblent ignorer ou mépriser les droits et les devoirs des citoyens mais aussi développer, ainsi que le recommande Amnesty International, « la culture des droits de l’homme » pour éviter le recours systématique à la violence et à la répression sauvage en cas de crises sociales.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire